Heureux puis nostalgique ensuite, ce compagnon me manquait curieusement. J'y pense souvent encore. Mon grand-père dans sa jeunesse était soldat dans le Sahara, je ne l'ai pas connu mais ma mère disait qu'il aimait beaucoup partir seul au loin dans les dunes. Il était absent plusieurs semaines. Et revenait enfin, silencieux.
Un soir, collée sous un tiroir qui m'avait échappé j'ai trouvé une longue lettre sans signature. Je la relis souvent.
La voici :
« J'ai toujours été une sorte de train fou qui fonçait droit devant, parfois absurdement. J'étais un mauvais voyou et un piètre cambrioleur. Ah ça ! Heureusement je n'avais pas l'audace absurde de ces gars de la bande à Jules Bonnot qui défouraillaient et abattaient en riant de pauvres employés. J'ai croisé Picasso (au bateau lavoir), il était insupportable et a tout volé aux masques africains. J'ai bu de l'absinthe avec Gauguin sur une goélette, il était doux et terrible. J'ai trinqué - en bordée - avec Blaise Cendrars ( Suisse il s'était engagé dans la Légion pour faire la guerre 14 aux côtés d’Apollinaire, « parce que disait-il la poésie c'est l'action »). C'est vrai. J'ai écrit trois fois à Julien Gracq, il m'a répondu deux fois. J'ai salué Vélasquez ( à Madrid) et Vermeer ( à La Haye) … ils m'ont souri...
( Asuivre)
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