lundi 9 septembre 2024

Un bol de lait créole (2)

 

(Gonsalvez)

 

Toujours devant ! Au galop ! Foncer ! Prendre à peine le temps de sourire aux herbes ! Des rapaces me suivent de haut, je me demande qui attendent-ils ? Mon cheval ou moi ? J'ai soupiré en arrivant sur la plage. Le cheval épuisé tituba et s'effondra, mort … les vautours furent récompensés de leur admirable patience. Mes impédimenta s'étalèrent au sol aussi je n'ai gardé que l'essentiel. Il me fallut faire un tri brutal et abandonner le portrait de mon aimée morte du choléra du coté de Carpentras. Ma vie, dès lors, était devenue bizarre, j'avançais par pure habitude. J'avais pris l'habitude des cadavres partout, je m'étais même habitué à leur puanteur. Je savais qu'il ne fallait surtout pas les toucher. Je ne leur faisais donc pas les poches. Pourquoi faire d'ailleurs ? l'argent n'avait plus aucune valeur ; acheter quoi et à qui ? Que faire de bijoux et de lingots, il m'était arrivé de trouver un sac entier de pièces d'or, mais je cherchais de quoi manger moi !

Les gens étaient morts. Et les rares survivants évitaient de se croiser. Je voyais parfois au loin une petite famille, ou des femmes seules qui hurlaient, ou des hommes courbés furieux et armés. Il fallait éviter toute cette populace qui pouvait mourir soudain dans des spasmes en bavant une sorte de riz au lait. ( A suivre)


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