dimanche 28 février 2021

Pas bavard le zig

Photo : Lucas

On ne savait pas qui était ce gars qui passait de temps en temps ( et même   assez souvent pour dire vrai) chez Nicolas Reau le vigneron, il buvait avec plaisir mais se tenait éloigné des conversations. Chacun pensait, et même le maître des lieux, qu'il était l'ami de quelqu'un dans l'assemblée. Il claquait de la langue. Il aimait les cuvées. Parfois en tendant son verre vide il disait " très bon", rien de plus. Un jour il n'est pas venu, ni le lendemain, ni jamais plus. On l'a cru mort. On a cherché, on a consulté les avis d'obsèques, on a appelé les pompes funèbres ... rien. Personne ne connaissait cette personne.

De retour sur sa planète Briviakluq fut interrogé :

- Alors c'est comment la terre ? 

-Très bien dit-il si on doit l'envahir il faut commencer par le Clos des Treilles, chez un type qui s'appelle Nicolas Reau. On y ingère des machins super délicieux. Mieux que nos virmacogalchnicks locaux je vous assure. 

- Ah ! Bien ! Tu en as ramené ?

- Oui mais j'ai tout absorbé pendant le voyage.

Pendant deux cycles suivants  on bouda Briviakluq, il s'en foutait il n'était pas bavard.

Voilà tout.

samedi 27 février 2021

La phrase romanesque

 Vous n'avez pas le temps de lire ? La phrase romanesque vous épargne des livres entiers.

Comme j'avais levé les doutes, je pouvais assoir mes convictions et les coucher sur le papier.

(Balthazar Forcaquier)




mercredi 24 février 2021

Mémoire en vrac (11)



On cherche souvent son plus ancien souvenir. Cet éclair qui date d'un temps où la réalité et le rêve sont semblables. Blaise Cendrars en parle aussi avec cette folie propre au poète.

https://www.youtube.com/watch?v=I1ER6mEQDhQ

Moi, mon premier souvenir c'est une odeur ( il ne faut pas oublier qu'avant je fus chien). J'avais la rougeole. C'était à Agadir (peut-être qu'au même moment François Augiéras (Abdallah Chaamba)  arpentait la plage juste en dessous de la maison ). Comme j'étais malade on m'avait mis dans la chambre des parents ce qui était un honneur divin. Le médecin arriva et c'est là que j'ai senti la fragrance de la fleur d'oranger dont il était parfumé.

Ensuite, plus tard, je me souviens de l'odeur de l'eau que mon père répandait dans la chambre partagée avec mon frère à Agadir encore, l'eau répandue à grands seaux sur le carrelage pour rafraîchir l'air avant de s'endormir.

mardi 23 février 2021

Un petit secret

 


J'étais petit alors. Mon préféré était le professeur Nimbus qui arpentait ce que j'appelais les "racontants". J'étais dans les bras de ma mère quand elle feuilletait le journal. 
Un peu plus tard elle tricha au mille bornes pour me faire gagner, c'était sous les bambous dans le jardin du Maroc. Je m'en souviens.
Je lui dois la plus grande leçon de ma vie.
Nous étions à Blois. J'étais au lycée Augustin Thierry où habita le père de Victor Hugo ( est-ce pour cela que je n'aime pas cet auteur moraliste ?) Bref. J'étais en 5e et nul en tout. Un surveillant général qui s'appelait Pancrazi était la terreur des élèves. On racontait qu'il avait cogné un élève à coups de clefs ! Mon père lui n'utilisait que le tuyau de butagaz ... Mes résultats étaient si catastrophiques que, sur le carnet, j'imitais la signature de mon père. En tremblant. Un jour le chef de classe qui s'appelait Boire ramassa les carnets de notes. Trois jours plus tard il les rendit, mais pas le mien ! 
- Pancrazi a gardé le tien ! me dit-il.
Le ciel s'effondra sur moi au sens propre du mot. J'attendis la lettre fatidique du lycée. Le temps passa. Le facteur n'apportait rien d'important pour moi. Le temps passa. Et un jour Boire, le chef de classe, me rendit mon carnet. Et comme je lui demandais comment il avait fait. Il me répondit :
_ J'ai trouvé ton carnet sur un bureau.
Maman contresigna les contrefaçons et j'appris (c'est une sorte de secret que je te livre lecteur(trice) inconnu(e)) que les problèmes se résolvent touts seuls. 
IL SUFFIT D'ATTENDRE.



lundi 22 février 2021

On va s'éclater !

 



https://www.youtube.com/watch?v=-ViJp1Y95fI

On a voulu sortir en ville puisque le théâtre est fermé et qu'il ne programme plus "Marie Vigilance". On a consulté le bulletin municipal du GRAND Thouars. Il nous a proposé trois conseils municipaux ! Il paraît que c'est bien. On dit qu'il y a de la tragédie et de la comédie, le tout savamment mélangé, avec, entre les deux, de grandes plages d'ennui. C'est - m'a-t-on dit -  comme la recherche d'un trésor introuvable comme "Marie Vigilance". J'y vais, avec ma théière et ma flasque de ce vieux rhum offert à Noël. ça m'étonnerait fort que je m'ennuie.



dimanche 21 février 2021

Une incroyable découverte


Depuis les fouilles entreprises par le professeur XWXC+% on sait que le sol de KVIM§:/ est riche. Il semble que sous nos pieds prospérait jadis une ville. Selon le professeur elle s'appelait d'une façon imprononçable pour nous : THOUARS. Le professeur XWXC+% vient d'exhumer un objet très étrange. Selon lui cette chose pouvait avoir pour usage - je cite - "l'appel des dieux". Les habitants de THOUARS auraient eu, grâce à cet outil, un lien direct avec les divinités. D'autres vestiges découverts à proximité comme des outres en verre semblent confirmer cette thèse. 
 

On a même retrouvé sur l'une d'elle une signature "Nicolas Reau" qui semble être le nom de l'un des dieux chers au coeur des habitants de cette cité. 
Voilà tout, pour l'instant.

 

samedi 20 février 2021

La phrase romanesque

 Manger ses mots cela peut être savoureux, surtout ceux qui évoquent la pâtisserie.

(Balthazar Forcalquier)




Les (fausses) notes

 Edifiante cette émission ("Les Pieds sur Terre") sur les notes à donner ici ou là, sans cesse.

En ce qui me concerne je mets 10 tout le temps à tout le monde avec ce constant commentaire : " faites confiance à votre personnel, je ne suis pas contremaître, je donne donc le maximum puisque vous êtes incapable de connaître les gens avec lesquels vous travaillez !"


https://www.franceculture.fr/emissions/les-pieds-sur-terre/tous-etoiles-sous-le-joug-des-etoiles



vendredi 19 février 2021

L'aphorisme de la semaine

 Une personne c'est quelqu'un, mais personne c'est l'absence de quelqu'un, va expliquer ça à un étranger !

(Balthazar Forcalquier)

mercredi 17 février 2021

Mémoire en vrac (10)

 Un jour Jako est arrivé à la rédaction de Parthenay. Journaliste aussi. Je ne trouve pas d'expression plus exactes pour exprimer ce que nous sommes devenus : "larrons en foire".  

Je portais déjà la cravate au boulot. J'avais remarqué que le notable était très sensible au port de la cravate. J'appliquais à la lettre le conseil de Montaigne : "il faut savoir se jeter à la table épaisse des étrangers." Ils voulaient de la cravate les notables ? Va pour la cravate. Très vite Jako me sauta dessus avec une paire de ciseaux et coupa ma cravate ( comme faisait Patachou dans son cabaret). Je m'en foutais bien, j'achetais les cravates par lot de 10 dans les surplus militaires. Je portais cravate, mais cravate noire (comme Brassens), c'était un instrument de travail rien de plus. 

Le rhum tonic de Jako était meurtrier. Sa plume était impertinente et drôle " je veux que les gens achètent le journal pour dire : qu'est-ce qu'il a encore écrit ce con là." Il m'a beaucoup appris.




mardi 16 février 2021

J'aime bien (1)

 J'aime bien avoir un coup dans les badigoinces ( mon ami Jako usait de cette formule plus jolie que ; "j'ai trop picolé".)

J'ai alors l'impression que mon imagination prend des chemins de traverse. L'herbe y est haute, à  l'évidence elle est libre et n'a jamais été fauchée. On y court pieds nus. Aïe ! Bordel de merde ! Y a des chardons !



lundi 15 février 2021

Et c'est ainsi que les Goddons ont trinqué

 La revue des vins de France rappelle opportunément  cette anecdote :

"Alors qu'il fait le siège de Chizé ( près de Niort) en mars 1373, Bertrand Duguesclin apprend que les Anglais envoient 1.000 hommes pour le chasser. Il décide de mettre sur leur route deux charrettes remplies de vin de Saumur et de Montreuil-Bellay. Les Goddons vident les fûts et arrivent complètement ivres. La victoire de Duguesclin est aisée et l'Anglais quitte le Poitou.

Les gars de Duguesclin avait chassé l' Anglais quelques mois plutôt à Thouars, "après de lourdes pertes" précisent les historiens. Les caves de la ville avaient donc été vidées !

Un soldat Thouarsais pendant la guerre de cent ans ( reconstitution)


dimanche 14 février 2021

Mémoires en vrac (9)

 





Ah oui je me souviens. Je suis tombé fou amoureux du saz. Alors je suis allé à Istanbul acheter un saz. On doit dire un baglama. C'est un instrument de musique qu'il ne faut pas poser au sol. J'ai arpenté Istanbul jusqu'à trouver un petit magasin sur la rive orientale. Quelle joie ce fut. Hélas le saz est infiniment complexe pour mes doigts gourds. Le voilà rangé dans le placard. Seul. Et libre. Et silencieux. 
 
Un jour à Parthenay, à la radio locale, j'ai "intervouvé" François Rabbath qui fut bien étonné de savoir que sa musique enchantait nos soirées. Il m'a vendu l'un de ses sazs. Il est aujourd'hui entre les mains d'un autre homme libre prénommé Pierre.

samedi 13 février 2021

La phrase romanesque

Vous n'avez pas le temps de lire ? La phrase romanesque vous épargne des livres entiers.

 Dans les grottes les artistes pariétaux  avaient -ils une part de mammouth en plus ou en moins ?

(Balthazar Forcalquier)



vendredi 12 février 2021

mercredi 10 février 2021

Chien sans maître

 


A défaut d'un couteau entre les dents Lucas mord un nonos. Il n'est pourtant pas ce que l'on pourrait appeler un bon toutou même s'il sait marquer son territoire, même s'il est très fidèle en amitié et même s'il sait marcher sur deux pattes. Il n'est pas du genre à laisser se caresser dans le sens du poil, il aime mordre à l'occasion. Peut-être fut-il comme moi un chien dans une autre vie? On se méfie des maîtres. Et que le chien soit mal vu dans l'ancien testament nous laisse indifférent, comme on dirait plus simplement, on s'en gratte !

mardi 9 février 2021

Une rémige d'honneur

 

Au lavoir de Saint-Jean-de-Thouars

 https://www.youtube.com/watch?v=A9VS1kkia68

L'oiseau libre ne saurait habiter le nichoir, alors c'est dessus qu'il vit.

Et tant pis pour le bricoleur qui, sans le savoir, voulait l'enfermer.

Plus haut, c'est toujours l'absolue nécessité. N'est-ce pas ?

lundi 8 février 2021

Mémoires en vrac (8)

 




Ce n'est pas que nous voulions faire fortune, mon pote "H" et moi, non, nous cherchions plutôt une manière de vivre sans nous ennuyer. Donc nous avons dessiné des jouets en bois ( c'était à l'époque très rare). Nous avons conçu une petite malle pour les filles et une auto pour les gars. Nous avions même trouvé un nom de marque "Pickwick", et un fournisseur. Une série de vingt objets furent produits et vendus avec difficulté. On a vite abandonné. 
Alors pourquoi ne pas vendre du bon et sain terreau en allant curer les fossés de Sologne ? On a abandonné encore plus vite. 
Non ... il y avait plus exaltant : en Australie nous allions rejoindre les habiles et aventureux chercheurs d'opales. On a bien avancé sur le dossier étudié avec minutie (comme les précédents) pendant plusieurs mois. 
Finalement on a tout laissé tomber pour devenir bûcheron en Ariège. Un rude métier. On est libre, mais on ne gagne guère, et puis on sent fort le bois ce qui n'est pas désagréable mais les filles préféraient à l'époque des effluves plus exotiques, moins ... terre à terre. 
Un jour il a fallu se calmer, on est devenu journalistes mon pote "H" et moi. Ce fut aussi une aventure. Dans les rédactions reculées, aux frontières, nous sommes devenus des égorgeurs de tranchée loin des états majors repus.



Pour faire suite à l'aphorisme de samedi

 

Tédi m'écrit :
Le passé est un vêtement trop petit, je ne…
sais pas si le mien pourrait intéresser Emmaüs ...

Je lui réponds :

Bien sûr Emmaüs va démonter ton passé et récupérer sans doute quelques souvenirs encore en bon état qui auront bel effet au rayon des bibelots.


 

dimanche 7 février 2021

Poésie à bon compte

 


Ce matin après le bisous du jour, j'irai en mer repeindre le pot au noir en vert émeraude.(B.F)
NB : Blaise écrivait "poteau noir"  et, à Formose, on lui donnait raison.

vendredi 5 février 2021

mercredi 3 février 2021

Mémoire en vrac (7)


La maison aujourd'hui mais elle avait l'air beaucoup moins bourgeoise : pas de clôture, une toiture en évrite à une seule pente et, en haut sur la terrasse, pas de balustres mais une rembarde "soudée maison".


https://www.youtube.com/watch?v=FSGcZU96wRM

Quel ennui fut cette adolescence ! Des dimanches ternes sur le "chantier", c'était le nom que mon père avait donné à la maison en construction aux abords de Blois. Il bricolait. Alors nous devions l'aider : chercher des cales en bois sous la pluie morne, faire du béton dans une bétonnière qu'il avait fabriqué avec un vieux tonneau, tenir les tuyaux de plastique gris dont il formait les coudes en les plongeant dans une bassine d'huile bouillante après les avoir remplis de sable. La plomberie sentait alors la frite. 

Attendre. Attendre beaucoup et souvent, toute l'année. Surtout l'été car les vacances s'étiraient là sur le "chantier".

Nous étions habillés de bric et de broc : "c'est une belle vêture que celle du travailleur" disait papa.

Je ne lisais rien et j'écoutais d'une oreille distraite Mathé Altéry qui chantait "frou frou" en boucle car nous disposions d'un tourne disque sur le "chantier". Ma seule distraction était de piquer le magazine "Spirou" à mon frère qui prenait soin de s'asseoir dessus dès qu'il le refermait.

Quand je serai mort je veux être incinéré avec des pétards dans les poches ( ou du maïs ). Je le mérite bien.