Je crois que mon cheval ne m'aime guère. Je le vois dans son regard dégoûté quand il me fixe. Tant pis pour lui, moi-même je n'ai pas d'affection particulière à lui prodiguer. Il pue quand il sue, il défèque sans respect. Nous allons depuis des mois à travers ces pentes, sans rencontrer âme qui vive. Il est mangé par les taons et moi par les tiques, au moins nous avons cela en commun. Je vois bien qu'il se demande où nous allons. Que puis-je lui dire ? Je l'ignore moi-même. Nous allons plein ouest parce que j'ai appris jadis que c'est là-bas que la mer est. Je me dis que face à l'océan je verrai peut-être une vie, une voile. En tout cas il sera plus simple de scruter l'horizon, alors que dans ces monts perpétuels la vue est bloquée par des rochers immenses, sans cesse. Le soir le cheval broute et moi j'allume le feu, je bois du thé et mange des rongeurs piégés. La solitude est totale.
(A suivre)
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