Quand je dis : "je suis de mauvaise foi", je suis sincère ?
(Balthazar Forcalquier)
Quand je dis : "je suis de mauvaise foi", je suis sincère ?
(Balthazar Forcalquier)
- Alors tu vois le problème ?
- Oui c'est une pièce de Lego qui bouche le siphon
- Encore une pièce de Lego ?
- Ouais, sans doute le gosse qui a encore joué dans l'évier. Il commence à nous fatiguer ce marmot. je vais te balancer une poule puante, on va être tranquille quelque temps.
Ce gentil tilleul est tombé amoureux d'une pâquerette. Il lui fait de l'œil, mais la pâquerette sait bien que cette passion ne peut-être que platonique, platonique mais pure et éternelle.
Ce bateau était énorme, tellement gros, que son capitaine devait porter des galons si lourds qu'il cachait sous sa chemise un carcan en métal. On le croyait heureux et fier lorsqu'il arpentait le pont droit comme un "I". Mais il souffrait le pauvre homme. La vie d'officier n'est pas toujours gaie.
Voilà tout.
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(photo : Maryvone Delavault) |
Le Thouarsais est extraordinaire, en voici un bel exemple. Quoi de plus banal qu'une plaine qui fait la sieste ? Eh bien pas ici, car une paix tendre s'étend comme si la nature s'éveillait d'un réveil savoureux, au loin une petite butte pour combattre la monotonie et des bosquets comme des éclats de rire. Une mosaïque agricole jolie sans jouer les cracks. Rien à prouver puisque c'est tout simplement beau.
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(Photo : Catherine Bergeret) |
Dans le vieux Thouars, l'hiver, la solitude est paisible. On avance sur les pavés dans le silence. On pourrait croire qu'un souffle de tristesse vous escorte, mais non. Il est fréquent de croiser bien vite un ami qui, bien sûr, vous emmène au premier café du coin. Ou bien au MZ (bistro associatif) ou jeunes et vieux se croisent en souriant. En accompagnement de la bière, la bonne humeur est offerte.
Les chanceux habitent à Thouars
Résumé : Louis en voulant cambrioler un appartement tombe sur la locataire dans son lit, elle est morte.
Martine T. avait été étranglée dans son lit. Louis qui était entré par effraction fut pétrifié de terreur. Certes ce policier mou était un voyou, mais pas un tueur et il serait accusé, cela ne faisait pas de doute. Soudain … Martine sursauta. Et se mit à tousser. Elle revivait. Louis l'aida à s'asseoir dans son lit. « Elle est ravissante » pensa-t-il en allant lui chercher un verre d'eau.
Martine lui adressa un joli sourire.
Louis était foudroyé, soudain amoureux pour la première fois de sa vie. Quelle aventure en vingt secondes ! « Ne craignez rien je suis policier, quelqu'un a appelé pour signaler du bruit chez vous, je suis entré en forçant la porte. » Martine revenait à la vie et serrait fortement la main de son sauveur. Plus tard elle expliqua qu'une femme jalouse était venue pour la tuer, pourtant Martine jura n'avoir jamais eu la moindre aventure avec le compagnon de celle qui l'avait agressée. Louis revint chaque jour la voir, un matin il arriva avec un bouquet, Martine fut émue aux larmes « c'est la première fois qu'on m'offre des fleurs. » Louis lui offrit ensuite moult bagues, et boucles d'oreille. Le monde devint de plus en plus beau au fil des semaines. Louis emmena Martine aux Baléares. Ils se sont aimés toute leur vie. Martine fit connaître Bach à Louis, et Louis n'ayant pas grand chose à échanger lui apprit les mille gros mots ordinaires dans un commissariat. Martine adorait ces jurons tous plus imagés les uns que les autres.
Ils sont morts ensemble, la main dans la main dans l'Ehpad de la police. Le dernier mot de Martine souriante fut « Morbleu » et celui de Louis « variations de Goldberg »
Voilà tout.
Résumé : l'inspecteur de police Louis cambriole les pauvres pour passer le temps, certain que ses victimes n'intéresseront personne.
Un après-midi comme un autre et n'ayant rien de mieux à faire, Louis quitta son bureau du commissariat de police, arracha le planton à sa sieste : « je vais faire une patrouille ». Louis consulta sa liste d'appartements disponibles et entreprit d'en visiter un assez proche. Il se dit que s'il pouvait il casserait tout pour se détendre « je fais le sale métier de voleur autant le faire salement ».Il monta au dernier étage d'un HLM , sonna chez Martine T. Personne ne vint. L'appartement était vide. Parfait. Il sortit de dessous son imperméable sa fidèle pince monseigneur et la porte céda immédiatement. Louis constat qu'elle n'était pas verrouillée, et cela ne l'étonna pas outre mesure. Le vestibule était triste, la salle à manger triste, la cuisine triste. Tout cela d'une propreté impeccable. En bon flic Louis constata « je suis chez une dame. » Au fond d'un couloir de trois mètres il poussa la porte. Il recula soudain : la locataire était là, endormie dans son lit. Elle était mignonne, alors il s'attarda un peu. Mais quelque chose n'allait pas, la dormeuse ne respirait pas. Louis s'approcha, retira doucement le drap. Martine T. avait une fine corde serrée autour du cou.
(A suivre)
Quand le cambriolage était signalé au commissariat, Louis était naturellement chargé de l'enquête.
Il relevait les traces muettes : un morceau de vitre cassée, un buffet forcé, un matelas lacéré. Il savait qu'il ne trouverait pas ses empreintes. Il portait toujours deux paires de gants quand il allait à la chasse aux bijoux. Il prenait soin de changer de chaussures aussi, car les semelles trempées laissaient des traces sur les balatums. Il n'avait pas honte de voler les pauvres. Il n'avait aucune morale, il avait grandi dans une maison sans père, avec une maman absente occupée à cumuler les emplois pour payer les courses au super-marché. Son meilleur ami, lorsqu'il était adolescent, était un petit voyou qui brisait les vitres des HLM avec son lance-pierre.
Louis vivait sans sentiment.
( A suivre)
La vie de Louis était morne. Il était inspecteur de police dans un petit commissariat d'une petite ville dans une campagne triste. Le soir la lumière de la cuisine (sans abat-jour) plongeait brutalement sur la table. Dans l'assiette, immuablement, se trouvait du cassoulet en boite, réchauffé au micro-onde, autour c'était FR3 à la télé et un verre de vin ordinaire. Le midi s'écoulait en silence avec deux ou trois collègues chez Mc DO. Les jours, toujours semblables, ne se bousculaient pas sur le calendrier. Ajoutez à cela une pluie constante comme seule la Mayenne sait en fabriquer avec une folle obstination. Ce pays n'était pas humide, il était mouillé à l'os. Alors Louis décida de changer de vie.
Il devint voleur. Il fit la longue liste des habitations occupées par des solitaires qui quittaient leur triste appartement le matin pour y revenir le soir et dîner de cassoulet en boîte (histoire d'avoir une vague idée de soleil), et dormir sans rêve dans leur lit d'une seule place.
( A suivre )
Les chanceux habitent à Thouars
Voilà tout.