Si j'arrive à prouver que le peintre de Lascaux est mon ancêtre, ma fortune est faite.
(balthazar Forcalquier)
Si j'arrive à prouver que le peintre de Lascaux est mon ancêtre, ma fortune est faite.
(balthazar Forcalquier)
Le cinéaste Pascal Thomas dit pourquoi les chanceux habitent en Thouarsais.
Dans le ciel la baleine est passée, elle migrait au sud du département. C'est la première fois qu'on pouvait voir cela. Le réchauffement climatique n'a pas que des défauts il permet de voir des spectacles rares
L'alcool révèle-t-il des mensonges ou des vérités ? Cela dépend de la dose sans doute.
(Balthazar Forcalquier)
Les chanceux habitent en Thouarsais.
La cuisine joyeuse, avec un petit de verre de vin pour l'accompagner.
Comme dit le proverbe : "quand casserole sourit, le riz rit".
"Il écrivait un truc incompréhensible ... hum ... hum ... je cite : Il semble que ce soit le sort inévitable de l'homme de ne pouvoir être libre nulle part ... hum ... hum ... et pas d'arme... hum ... hum ... elle doit être tombée dans la baignoire ... hum ... hum ... La mise en perspective laisse penser à un suicide ... hum ... hum ... c'est typique des types qui écrivent des trucs chiants ... hum ... hum ... affaire classée".
Les chanceux habitent en Thouarsais.
A la cave il y a trois caisse de dynamite, elles sont là depuis la guerre ( s'il avait fallu abattre le phare en cas de débarquement ennemi). Je les trouve facilement derrière le vin le plus vieux. L' explosif est emballé dans du papier gras, il est intact. Il me reste huit jours pour préparer les trous dans le minuscule quai. La veille de la date fatidique je mets les charges dans le béton. Le lendemain lorsque apparaît la vedette sensée je me conduire à terre, j'appuie sur le détonateurs. Ho c'est magnifique ! Dans une gerbe de feu le quai disparaît totalement. La vedette oscille au milieu des pierres qui tombent du ciel et fait demi-tour. J'ai débranché la radio depuis la veille. Impossible à un petit navire, même un canot d'aborder ici la roche est devenue une sorte de falaise dominée par le phare. Les vagues furieuses enlacent ce caillou. Souvent ma solitude est brisée par un bateau qui vient et tente de me convaincre en hurlant dans les haut-parleurs. Je n'entends rien, la mer est ici superbement musicienne.
Me voilà seul, plus seul que jamais et heureux follement.
FIN
La radio qui jusqu'alors me berçait mollement de ses « besoins de rien ? » m'annonce une chose insupportable : « votre retraite sera effective dans une semaine, félicitations ». Ma retraite ??? mais je n'en veux pas ? Je suis là haut depuis des lustres, je ne demande rien à personne, je veux juste chérir ma solitude, je ne coûte rien à personne, je n'ai jamais touché un salaire, ou alors il s'accumule sur un compte dont j'ai oublié les codes depuis toujours. Je m'empare du micro et je hurle qu'il n'en est pas question. A l'autre bout dans un grésillement le correspondant rit de bon cœur puis il me confirme l'information, il me dit que je suis le dernier à vivre sur ces cimes maritimes et qu'on attendait en haut lieu cette date pour me faire vider les lieux, et installer une machine automatique qui fera très bien ce que j'accomplis depuis toujours. « Votre métier n'existe plus, vous êtes le dernier. Une vedette viendra vous chercher dans huit jours. »
Il me reste huit jours. Je suis sonné et soudain je me souviens qu'à la cave il y a ce qu'il me faut.
(A suivre)
J'aime par dessus tout la lumière du phare qui peint la nuit d'un trait fugace de teinte blanche. Sitôt apparue, sitôt disparue. Parfois un bateau lointain me salue de sa trompe sinistre pour me remercier de lui signaler les récifs. J'envoie alors un clignotement à ces gens audacieux qui vivent loin de leurs familles dans les odeurs de viscères, pêcheurs audacieux et tristes. Leur vie est une succession de sacrifices alors que la mienne n'est qu'un bouquet de joies simples et multiples. Je les plains ces braves gens. J'imagine qu'ils ont pour moi les mêmes compassions, mais ils ont bien tort. Ils sont ignorants comme ceux qui souvent compatissent, ils partagent leur détresse, alors qu'elle m'est inconnue.
( A suivre)
Anachorète voilà ce que je suis. Ou mieux encore stylite comme ces ermites qui vivaient tout en haut d'une colonne, ils restaient là des décennies entières à méditer, sans jamais descendre. Un jour moi aussi j'irai là haut près de la lampe du phare pour ne plus bouger. La nuit j'observe les étoiles et la voie lactée qui semble une poignée gigantesque de poussière mutine. J'aime beaucoup Orion qu'on appelle « aventurier de la conscience ». Trois étoiles alignées qui sont celles de Blaise Cendrars. Le poète né suisse s'est engagé dans la légion durant la grande guerre, parce que « l'action c'est la poésie » disait-il. Durant les nuits glacées dans les tranchées il admirait Orion. Le 28 septembre 1915, à la ferme de Navarin son bras droit est arraché au niveau du coude. Ensuite il sentira souvent la douleur dans sa main droite perforée et pourtant absente. Comme si l'aiguille d'Orion pénétrait dans sa paume.
(A suivre)
Le gars ou la fille qui a inventé la chaussure mérite un prix Nobel, en revanche celui qui a inventé la cravate ne mérite rien !
(Balthazar Forcalquier)
Celui qui a inventé la marche arrière sur les autos a doublé ses concurrents, eh oui !
(Balthazar Forcalquier)
A Thouars personne ne sort une pièce pour laisser son auto : tous les parkings sont gratuits ! Ah quelle belle ville. Bon ... en plein centre il faut user d'un disque bleu, mais rien d'autre. Parkings gratuits. Partout ! On est quand même mieux qu'à Paris !
Les chanceux habitent à Thouars.
Sans cesse tout change devant moi. Dans mon phare le monde est en perpétuel mouvement. Le smaragdin de la mer passe au royal sinople, puis soudain une vague jade couvre tout ; le ciel trempé dans la guède s'épanche peu à peu vers des nuances céruléennes avant de plonger tout nu dans l'azur. Les parfums suivent amoureusement ces nuances, les effluves puissants exhalent des fragrances de poissons rares qui vivent dans les grandes profondeurs obscures où ils vivent seuls durant des siècles car il est rare de croiser un semblable pour se reproduire. Seuls comme moi ils vont dans les abîmes en cultivant une sagesse rare. Là où ils sont, personne ne les traquent, personne ne sait d'ailleurs qu'ils existent.
Les poissons lointains sont seuls. C'est là mon idéal, mais dans le phare la terre parfois m'appelle. La radio grésille et demande « besoin de rien ? ». J'aurais besoin qu'elle se taise je réponds immuablement « Rien A Signaler ». Je me dis qu'un jour peut-être le monde, là-bas sur la terre, va s'effondrer. Un virus mortel supprimera l'humanité et moi je n'en saurai rien. Certes je ne le souhaite pas, mais en réalité cela m'est indifférent. Je ne sais pas ce qu'est l'humanité. Je mange des poudres stockées là depuis des lustres. Je bois l'eau de pluie. Ma solitude s'appelle aussi liberté grande.
( A suivre lundi)
Une journée type. Je me réveille à 6 h, immuablement. Je descends à la cave vérifier que la mer n'a pas tenté de me voler quelques bouteilles. Parfois quand le vent du nord-ouest devient furieux il pousse des vagues gigantesques qui cognent aux vitres et tentent d'entrer par effraction dans le vestibule. Il faut alors écoper comme le ferait un naufrager. Heureusement je dispose depuis peu d'une bonne pompe. Il faut ensuite tout sécher patiemment. Je monte à la cuisine préparer mon petit déjeuner chocolaté dans le silence absolu. La radio maritime ne sera allumée qu'à 7 h 08. Elle est toujours silencieuse et ne trouble guère ma solitude grande. La journée ensuite s'écoule mollement, je vérifie quotidiennement les mécanismes, je remplis les formulaires dans mon bureau d'un constant RAS (Rien A Signaler). Je graisse des rouages, je lance la machine de secours quelques secondes. Puis je vais tout en haut essuyer les épaisses plaques de verre qui jettent la lumière au loin comme ferait une semeuse. La journée s'écoule sans heurt et à la tombée de la nuit un capteur dis au phare « il est temps de te réveiller ». Il s'allume alors automatiquement. C'est mon moment préféré. Quelle beauté, quelle complicité.
( A suivre)
Entre l’île de Molène et Ouessant la mer est capricieuse.
Huit niveaux composent ma coquille. Le vestibule tout en bas qui reçoit les vagues furieuses d'hiver, elles frappent à la porte des jours entiers. L'escalier en colimaçon conduit à la cuisine, puis à une chambre (toujours vides sauf quand un naufragé passe au large), et ensuite une autre chambre ( la mienne) lambrissée avec du chêne de Hongrie, le lit est clos comme enfermé dans une case, dedans je suis comme un navigateur médiéval sans boussole, je rêve selon les vents. Plus haut encore la grande salle lambrissée d'acajou et d'ébène qui abrite mon bureau, et tout en haut la salle des machines, puis dans la capuche en verre : la salle de veille et tout au sommet la lanterne équipée de lentilles de Fresnel qui porte la lumière à 20 km Et tout en bas, une cave qu'on appelle la citerne. Voilà mon royaume où la solitude m'occupe sans cesse.
( A suivre)
Je sais tout de la solitude. Cette compagne fidèle qui chasse l'importun et vous choie comme un enfant unique. Elle est venue il y a longtemps. A part une mouette qui passe de temps en temps pour faire la belle, je ne connais personne. La solitude chasse la poussière et rend chaque instant neuf. Ma vie a des saveurs multiples. Je suis le plus grand collectionneur au monde de couchers de soleil et de tempêtes, et aussi de ces journées plates aussi, quand la mer semble assoupie. On se croirait au Pot au Noir, soudain vide. Je collectionne également tous les sentiments qui vous secouent et que la plupart d'entre nous négligent trop occupés qu'ils sont par mille tâches vaines et même vulgaires (j'ose le dire). Je ne prétends pas être meilleur qu'un autre, mais j'ai beaucoup plus de chance. Mon métier est un gisement de séquences calmes qui supposent la méditation.
JE SUIS GARDIEN DE PHARE . En mer d'Iroise.
(A suivre)
Celui qui recule à l'entrée d'un labyrinthe avance vers la liberté.
(Balthazar Forcalquier)