Les gens qui ont toujours raison sont déraisonnables.
(Elvira)
Les chanceux habitent à Thouars !
Un peu
plus loin un lieu très haut placé dans le vent. Le vent doit
souffler des quatre coins cardinaux à tour de rôle et peut-être
même parfois des quatre coins en même temps. Ici il n'y a pas
d'arbre. Ici, seulement un arbuste . Il est extraordinaire bien qu'on
passe devant sans s'extasier. Pourtant c'est un champion. Il parvient
à glisser une racine dans une maigre fente de la pierre. Il s'y
installe comme il peut. Et grandit comme il peut sous les rafales. Il
n'est jamais jeune, il est toujours vieux, tordu, avare de tout et
surtout de ses fleurs qui ne sentent rien et n'ont rien à donner
qu'une vague couleur blanchâtre. Viennent ensuite de tout petits
fruits sans chair. Ici la vie est sans luxe ! La mousse n'est pas de
la mousse, elle est rêche et pourrait écorcher la main comme une
brosse de métal. Les plantes grasses sont rouges de honte et ne se
montrent guère. On s'interroge : à quoi pensent-elles sous les mois
de neige ? Certainement à la côte d'Azur où prospèrent leurs
cousines ?
La saxifrage est la plus obstinée, elle s'installe (
si l'on peut dire ) dans un creux de la taille de la main, et ne se
nourrit que de vent. Elle économise sur tout, sur l'eau et sur sa
respiration. Quand elle perd une feuille minuscule tout de suite elle
en fait un demi-gramme d'humus qui s'envole vite et que vole sans
vergogne la plante grasse.
"Pourquoi tu t'es pas garé devant ?" c'est bizarre cette manière de gueuler pour parler. Les gens du sud vocifèrent volontiers sans porter à conséquence. Je comprends vite la colère de ce boiteux : il a une bouteille de gaz à descendre de l'auto et à porter ensuite jusqu'à sa porte obscure. Car ici les maisons sont noires dedans et dehors. Alors il vitupère, et sermonne sa femme.
Ces gens, quand il ouvrent leurs volets, ont devant eux la pente rude et brossée de la montagne, des cailloux acérés et des rapaces par - dessus. Rien de plus à voir. C'est beau. C'est beau depuis mille ans.
https://www.youtube.com/watch?v=dAYQ85I2xzo
En avril 1974 le peuple portugais se débarrasse de sa dictature imposée depuis 1926. Des œillets sont offerts aux militaires qui se sont révoltés et qui mettront en place la démocratie. Cette chanson "Grandola vila Morena" (jusque là interdite), diffusée à la radio, est le signal de la révolution.
On raconte que bien avant, des sous-mariniers portugais faisant escale en France en profitaient pour acheter, avec le soutien de leurs officiers, des livres interdits dans leur pays. Ils les cachaient dans les tubes lance-torpilles pour les ramener chez eux.
On remarque que les enfants, dans le ventre de leur maman rêvent et parfois affichent de joyeux sourires. A quoi rêvent-t-ils ? Du monde qu'ils ont connu avant ? Alors c'est réjouissant. Parce qu'ensuite, comme disent les gnostiques, " on est au monde mais pas de ce monde, après on rentre à la maison", et cette maison est heureuse.
J'ai connu un vampire végan qui buvait du jus de betterave rouge pour donner le change.
(Balthazar Forcalquier)
Ma mémoire est tellement paresseuse qu'elle m'a oublié.
(Balthazar Forcalquier)
Les chanceux habitent à Thouars !
Quand on se trompe on peut dire "au temps pour moi", écrit de cette façon, car l'origine de cette expression est militaire. Lorsqu'une erreur est commise lors de la présentation des armes, il faut recommencer au début et obéir à l'ordre " au temps pour les crosses". On remet la crosse au sol pour renouveler le mouvement. C'est donc ainsi qu'il faut écrire l'expression.
Si on écrit "autant pour moi" c'est pour avoir la même chose, votre amie commande une bière et vous dites "autant pour moi".
Bon ... on s'en fout un peu, non ?
Est-ce qu'on dort au paradis ? Si oui peut-on y faire des cauchemars ? Comme travailler* par exemple.
(Balthazar Forcalquier)
* L'origine du mot travail est ... torture.
Si il y a une formule qui m'agace c'est "avec modération" ; aime-t-on avec modération ?
(Balthazar Forcalquier)
Photo : I. Cortot |
A Thouars nous avons souvent, l'été, des couchers de soleil somptueux. Le ravissement est gratuit en plus. Le bon endroit pour en profiter pleinement c'est de se placer au dessus du Thouet à proximité des écuries du château. C'est si beau qu'on pourrait organiser un festival des couchers de soleil. Par exemple la ville installerait des gradins et une petite sono dans la cour des écuries. Pour éviter les bavardages des spectateurs et pour profiter pleinement du spectacle, des bénévoles à tour de rôle viendraient mettre la musique de leur choix, ce serait leur privilège : Bach, Hendrix ou musette. En échange le bénévole accueillerait les spectateurs, puis veillerait à fermer la grille quand tout le monde serait parti. On peut même prévoir un vin d'honneur municipal le samedi.
Les chanceux habitent à Thouars !
Alors on peut tenter cela : citer l'évangile de Matthieu chapitre 9 verset 17 : " On ne met pas du vin nouveau dans de vieilles outres ; autrement les outres se rompent et le vin se répand." Tout est dit : les vieux cons ne peuvent comprendre les idées neuves. Et hop là !
Ludivine avait une grand-mère charmante et fantasque, spécialiste du tricot et notamment du cache-col. Un jour de Noël elle offrit cet accoutrement à sa petite-fille. " J'aimerais que tu le mettes toujours cela me rendrait si heureuse, jure le moi." Pour rire Ludivine promit. Mais dans la seconde la mamie mourut soudain. Ludivine avait donné sa parole, elle porta donc cette défroque énorme durant cinq ans, tous les jours, été comme hiver, jusqu'à usure complète. Cette belle fidélité fit les gros titres de la presse internationale, des millions de gens furent émus. Et Ludivine qui était une chanteuse à peine connue dans les bals de son village devint une immense vedette. Mamie était vraiment merveilleuse !
Voilà tout.
Rien n'explique mon ivresse, si ce n'est mon bonheur de vivre : encore que ma mort promette d'autres jouissances et d'autres audaces, plus vives encore, comme celles qui s'exposent au coeur des tulipes.
( Balthazar Forcalquier)
https://www.youtube.com/watch?v=_H8slNDJsFA
J'aimerais bien me connaître ... peut-être que je ne serais pas déçu ...
(Balthazar Forcalquier)
Notre-Dame du Cottage a été construite en 1960 à Thouars. Elle s'appelle "du Cottage" parce qu'elle a été construite ... dans le quartier du Cottage. Bonne réponse, vous pouvez continuer à lire.
En plein quartier cheminots! Autant dire chez les rouges ! Les syndicalistes montrent les dents. Mais à cette époque des prêtres ouvriers arrivent et se font de vrais camarades chez les communistes locaux. Alors d'accord l'église sera construite.
Mais comme nous sommes à Thouars et qu'ici rien n'est comme ailleurs, l'église est ... désorientée. Le chœur est bâti à l'ouest, et l'entrée à l'est. L'exact contraire de ce qui se fait depuis des siècles.
Oui mais comme Thouars est toujours en avance, quand Vatican 2 arrive, le curé qui faisait la messe face à l'est ( où la lumière née avec le soleil), c'est à dire dos au public se retourne et fait la messe face à l'ouest. Ainsi, désormais, en se retournant dans l'église du Cottage non seulement il est face aux fidèles mais en plus il est face à l'est ! C'est quasi divin.
Les chanceux habitent à Thouars !
Il n'est pas question ici de concurrence mais seulement d'harmonie. Pour respecter l'équilibre parfait de la façade il a fallu sacrifier à l'agrément. Néanmoins on remarquera que la droite prend le pas sur la gauche ... comme par hasard !
Voilà tout.
Il ne faut pas hésiter à économiser le prix d'une tirelire.
(Balthazar Forcalquier)
Les chanceux habitent à Thouars !
Tout en haut d'une pente qui dure deux heures , cinq ou six maisons de lourdes pierres : Bougès. Une source où l'on peut boire. Le panneau avise : "eau non contrôlée" ce qui veut dire pure. Elle tombe directement du dessus sans avoir vu le ciel. Et une auberge perchée. On mange sur ce balcon en montagne une omelette aux ceps ( cueillis ici), le pélardon( fromage) du fermier voisin , de la confiture de framboise maison et un vin souple du domaine de Gabalie (Lauzère) au parfum de pivoine. Les aubergistes sont comme une tante et un oncle revenus des pays du Levant, chaleureux et discrets. C'est délicieux. L'air est plein de l'odeur des genets.
On voit le Causse devant au loin, le Causse où il n'y a rien, même le vent ne s'y arrête pas.
Un lézard amoureux zigzague sur la lauze... et choit.
Plus loin, Pont-de-Mauvert est un endroit qui est dans ma vie depuis fort longtemps. C'est là que, les corps déliés nous allions, dans une folle liberté, insensibles aux autres, grimpant partout et sans cesse, dévorant le beurre pur et le miel fort, dans l'eau glacée des cailloux, sans fatigue. Seuls, enfin. C'est là qu'un soir d'orage nous avons dansé sous la foudre. Avides de vie, comme des sauvages. Comme des hommes des caverne déliés de tous les dieux. Nous étions de furieux carnassiers.
En dessous, nous arpentions une vieille route pavée sous les châtaigniers, et quand j'ai lu le récit inachevé de Gracq j'ai retrouvé le chemin. Il menait à une vieille mine à l'abandon.
Avant cela, la gare abandonnée de Florac est comme une valise oubliée. L'image est un peu facile j'en conviens, mais elle est idéale. On regrette le maelstrom des voyageurs dans la vapeur des locos au ralenti. Les paniers de victuailles à cochonnaille, les fermières à grande gueule et les jeunes filles effarées qui s'en vont choisir une coiffe neuve au marché. Et les maquignons arrogants. Et quelque bourgeois à moustache lissée qui achètent à bon compte des coupes de bois si pentues que seuls des fols et des mules peuvent débarder.
Les fenêtres de la gare sont occultées désormais avec du contreplaqué malade, la salle des pas perdus est enfermée, le lampadaire est tordu par le vent. C'est d'une mélancolie cruelle et, pire, vaine..
C'est un pays de laine qui sent fort le miel chaud, le suint et la solitude. On doit y être bien pour écrire ( mais ce n'est pas sûr, on peut écrire partout). On y est seul mais sans l'ennui, voilà bien le miracle.
Les garçons qui vont dans le sillage des filles sont du même bois, ils payent leur liberté en sacrifiant à la savonnette. La barbe et les dents grises, mais toutes n'y sont plus. Ils sont doux et perdus comme des indiens, ils vendent des fromages minuscules avalés en trois bouchées qui sentent fort l'étable et le rustique. Leurs enfants ont grandi et sont partis (où?).
Je les aime bien. J'ai failli en être, j'en suis quand même.
Le pire ici c'est d'entendre vociférer les joueurs de pétanque autour de la fontaine !
(A suivre)
Sur le marché de Florac les vieux sont tassés plus qu'ailleurs ils n'offrent pas de prise à ce vent qui souffle furieusement, dit-on, là-haut, sur le Causse. Fripés et noirauds, ils sont gentils, avec l'accent. Ensuite viennent les "Babas hippies" qui ont vieilli là, sur pied, sans trop de heurts, avec le froid quand même et fort peu de lessive, cela se voit bien. Les filles ont la cinquantaine, elles étaient jolies mais elles ont pris désormais un teint qui mange la lumière, le cheveux va comme il veut, leur regard est un peu triste désormais. Elles fument encore, c'est sûr, de cette herbe qui jadis les faisait rire et qui maintenant les plonge dans une sorte de solitude morne. Car elles sont seules sur le marché et vendent deux ou trois navets, un pot de miel, de l'encens capiteux. Elles portent encore ces cotonnades indiennes de Katmandou. Elles restent belles quand même sous leur humble bijoux afghans.
(A suivre)
équation simple :
Zéro + rien
____________ = nul
que dalle
(Balthazar Forcalquier)
Les chanceux habitent à Thouars !
Il n'y a ici rien à peindre et tout à écrire... Peut-être.
D'abord parce que le chevalet du peintre ne tiendrait pas une minute, l'Agueil (aussi appelé aiguolas) vent venu du levant aura tout de suite mis à terre la toile et ses couleurs. Ce n'est pas un pays de peinture à l'huile, peut-être de pastel, plus sûrement d'aquarelle. Seul l'aquarelliste accoutumé à la vivacité peut avoir ici une chance, mais il ne vient pas, il préfère la mer.
Le musicien ne s'entend pas, et le sculpteur ne sait pas où donner de la tête. Non, ici c'est la patrie de celui qui écrit, s'il a le courage de s'arracher à la méditation, car ce vide incite à la vacuité.
Le pays est rugueux et crépu. On hésite : qui est le plus dur entre le caillou et le chardon.
( A suivre)
Le concerto n° 25 pour piano de Mozart : après 1 minute 30, ô surprise, fait sonner les accords de la Marseillaise et le thème revient ensuite. Mais ce concerto a été composé en 1786, alors que l'hymne le fut plus tard, en 1792... Etrange mystère, sauf à penser que Rouget de Lisle emprunta ces quelques mesures à Amadeus. A l'époque piquer une idée était rendre hommage, ô la belle époque.
Bigre ! L'hymne national pourrait être un truc teuton !
J'ai toujours été un élève médiocre, mon père me voulait scientifique et j'étais littéraire... bref comme j'étais mauvais élève et que je ne pouvais pas lui faire signer mon carnet de notes nul, j'ai - comme de nombreux enfants - imité sa signature. Fort maladroitement tellement j'étais terrorisé. Il y a avait en 6 e un surveillant général qui s'appelait P.... Il était la terreur de tous les élèves ( il avait été suspendu pour avoir frappé un gamin à coups de clef... c'est dire). Un jour, le chef de classe ramasse les carnets de note. Le surlendemain il les rend à tout le monde, sauf à moi. Je l'interroge il me répond : "P... a gardé ton carnet de notes". Le sol s'est ouvert sous mes pieds. J'étais mort ! En plus des coups de Pancrazi s'ajouteraient ceux de mon père qui n'était pas un tendre avec sa ceinture en guise de fouet. J'attendis donc. Le temps passa, passa ... passa. Il ne se passa rien. Et puis un jour, peut-être quinze jours plus tard, le chef de classe est revenu avec mon carnet de notes. " Où l'as-tu trouvé ?" lui ai-je demandé, il répondit : " sur un bureau dans une salle vide, il traînait là ."
J'ai appris ce jour-là que les problèmes souvent ( pour ne pas dire toujours ) se résolvent tout seuls. Et je l'ai souvent vérifié ensuite.
Les meilleures amies des oiseaux sont les branches.
(Balthazar Forcalquier)
Thouars |
Vincennes |
Les chanceux habitent à Thouars !
D'épaisses feuilles charnues tapissent un bord de ruisseau, l'exact contraire de la liane gênée par sa longueur compliquée. Tout ce petit peuple gaillard et joyeux, comme l'est une petite tribu laborieuse et prospère. On pousse là en harmonie. Un remblai de briques brisées et un nid de poule plein de cailloux, petit cuveau pathétique et malgré tout vaillant comme ces vieux qui veulent à tout prix se rendre utiles à de menues tâches. Ce matin une vapeur voluptueuse d'un vert céladon flotte au-dessus d'une touffe de noisetiers sauvages. Un bout de printemps qui avance timidement un doigt. Oh oui !
Des choux maigrelets écrasés de gel, noyés jusqu'à l'os par un vent impitoyable et toujours jeune qui vient de la mer, ajoutant sans doute une pincée de sel à ses morsures. A côté des peupliers en friche qui poussent en désordre, eux qui n'aiment rien tant que la géométrie stricte et la belle verticalité. Evidemment le gui parasite leur sève malade et se régalent tout de même. Les corbeaux y nichent.
Des lianes en écheveaux embrouillés. Elles ont une vigueur que dément leur dégoût de vivre. Elles sont sans joie comme ces légions lointaines lassent de guerroyer mais épouvantées à la seule idée de l'oisiveté. Elles colonisent sans but.
( A suivre)
Celui qui habite Saint-Jacques de Compostelle, il descend sa poubelle et hop, il a fait son pélerinage !
(Balthazar Forcalquier)
Rien de plus fidèle qu'un pou ... ah si ... un kilo en trop.
( Balthazar Forcalquier)
Versailles |
Thouars |
Au pied du château de Thouars : l'orangerie a été construite vers la fin du XVIIe siècle. On murmure dans les milieux bien informés qu'elle aurait servi de modèle à sa grande sœur jumelle : l'orangerie du château de Versailles. Il est vrai qu'elle lui ressemble beaucoup avec ses portes-fenêtres en arcade et des emmarchements de chaque côté. Que Thouars ait inspiré Versailles, voilà qui ne m'étonne pas finalement. La grandeur et la majesté ça nous connait ici !
Les chanceux habitent à Thouars !