Cap à l'ouest, encore et encore. Un soir j'ai vu au loin une frégate. Je me suis approché, personne à bord, en tout cas personne sur le pont, à part des singes qui sautaient d'un mât l'autre. J'ai viré de bord et repris mon cap à l'ouest. Un sentiment secret me disait que l'ouest était prometteur, riche en surprises peut-être heureuses. Dans le tiroir du bureau il y avait des livres de Blaise Cendrars, c'est une belle compagnie que celle-ci. Au bout d'un moment j'ai passé un cap et longé d'immenses plages qui bordaient des étendues de sable infinies. Très loin, parfois défilaient des chameaux. Un jour un homme me fit signe. Dans les jumelles je vis qu'il était vêtu comme un nomade du Sahara. J'hésitais … Je mis le navire en panne. Je n'avais vu personne depuis des mois. Avec la chaloupe je suis arrivé sur la rive. L'homme m'a souri, il s'est accroupi sur ses chevilles comme le font les gens d'ici. Il a allumé un petit feu, a posé dessus une casserole d'eau et des feuilles sèches. Dans deux verres colorés il a versé du thé brûlant. Sans un mot nous avons bu le délicieux breuvage. Puis l'homme s'est levé et a fait sa prière. Avant de partir, toujours silencieux il m'a donné un sachet de thé dans une pochette de tissu rouge. J'avais rien sur moi qu'une montre, je l'ai tendue. Il l'a prise et regardé longtemps, l'a glissée dans une longue poche suspendue à son cou puis a tourné les talons, appelant son chameau par de curieux et longs beuglements. Je suis retourné à bord.
(Suite demain)
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