Je navigue plein ouest. Je pêche un peu des poissons énormes pleins d'épines mais très savoureux. Je m'ennuie et alors je souffre atrocement. L'ennui est mon pire ennemi. Je pioche dans la réserve de rhum et je m'effondre. Enfin j'aperçois devant un filet vert à l'horizon ! J'ai navigué plusieurs semaines il me semble.
Le rivage est une forêt bordée de palétuviers, et sillonnée de bras d'eau. Prudemment je mets le bateau en panne à quelques encablures et je vais explorer la mangrove avec le canot. C'est ici le poto-poto parfait. J'ai pied mais la boue remonte jusqu'au dessus des genoux, ça pue la vase équatoriale. Des coquilles d’huître me coupent la plante des pieds. Bizarrement la boue favorise la cautérisation des plaies, elles guérissent en cinq jours.
Demi-tour. En longeant la ligne verte je trouve enfin un fleuve capable d'accueillir mon bateau dont le tirant d'eau n'est pas trop important. La jungle klaxonne à mon passage, des singes hurleurs vocifèrent, des perroquets clabaudent, des jaguars silencieux me dévisagent avec arrogance, des anacondas lèchent l'air après mon passage. La lumière est d'une violence stupéfiante, elle ne fait pas dans la nuance, j'ai l'impression d'avoir absorbé une drogue.
( A suivre)
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