lundi 30 janvier 2023

Monsieur bouche rouge


 On l'appelle monsieur bouche rouge. Il est arrivé en même temps que Noël, il est sympa mais il ne fait pas de cadeau. "Tu as encore grossie !" a -t-il dit à une amie qui venait prendre l'apéro. Et aussi à un pote venu partager notre repas il a claironné : " t'es toujours aussi con". Quand on lui objecte que ses remarques sont déplacées il réplique avec une citation de l'évangile " la vérité rend libre, Saint Jean chapitre 8 verset 32." Que voulez-vous répondre à cela ? J'ai tenté un truc : "  silence tais-toi ! évangile de Marc chapitre 4 verset 39." Depuis il est muet.

Voilà tout.

dimanche 29 janvier 2023

Le confident

 


Quand il avait un regret, un chagrin, un sentiment cruel de solitude. Il allait voir SON arbre et il lui murmurait de secrètes confidences. L'arbre écoutait avec une attention grandissante. Et puis un jour, il a murmuré : " je dois te dire que je suis bûcheron, pardon ! J'arrête aujourd'hui. Je vais désormais passer tout le temps qui me reste à planter des arbres." Il vit fleurir soudain son ami ( c'était l'automne pourtant) et lui ne fut jamais aussi heureux de sa vie.
Voilà tout.

samedi 28 janvier 2023

La phrase romanesque

 L'amnésie c'est quand on perd un truc d'accord, mais c'est quoi ce truc ?

(Balthazar Forcalquier)

 



jeudi 26 janvier 2023

mercredi 25 janvier 2023

Funeste dictée

 


Il était un bon gars, et il avait beaucoup de biens. Sa femme, Marie, semblait gentille, elle aimait beaucoup les biens de son époux. Celui-ci faisait un complexe : il était nul en orthographe. Il avait honte d'écrire les cartes pour fêter les anniversaires de ses enfants nés d'un premier lit. Alors sa charmante femme lui fit faire chaque jour des dictées. " Pour t'habituer je vais te faire écrire des modèles de courrier. Allez on commence : cher tonton hier je suis allé me promener au jardin public j'ai mangé des gaufres." Il y eut des dizaines et des dizaines de lettres comme ça. "Mes chers enfants, je vous aime, quand je serai mort partagez l'héritage entre vous, et laissez un peu de sou à ma chère Marie", etc, etc. Un jour sur sa feuille en riant il écrivit sous la dictée de Marie amusée : " Je vous aime toujour. Jé assé de cet vie. J'ai décider de mourir. Je donne tout à Marie. Vous ette grans ne soyez pas jalou. Je signe je date."
"Tu fais des progrès" dit Marie " huit fautes seulement". Ils arrosèrent cela.
Le soir même il était mort, Marie avait mis de la mort au rat dans son apéritif. Elle hérita de tout, cette lettre vaut testament estima la justice.  
Voilà tout.

lundi 23 janvier 2023

La poisse

L'autre jour j'étais bourré. Alors je me suis dit : "mon p'tit pote faut pas conduire, mais comme tu t'es garé sur une place du marché et que demain les forains arrivent tôt,  déplace ton auto de  15 m et appelle un taxi." C'est ce que j'ai fait, j'ai trouvé une place libre tout près. Le matin je suis venu rechercher mon auto et j'avais une contredanse ! La vie ne fait pas de cadeau.

Voilà tout.
 

dimanche 22 janvier 2023

Ceinture et bretelle


A Saint-Jean-de-Thouars, on imagine que la bretelle est toute proche de la ceinture routière !

 

samedi 21 janvier 2023

La phrase romanesque

  Vous n'avez pas le temps de lire, la phrase romanesque est là pour vous nourrir l'imagination pendant une semaine.

Quand un poisson fait "prout" ça fait des bulles, et quand il rote ? Pareil ?

( Balthazar Forcalquier)



jeudi 19 janvier 2023

On a été cons

 


On vient de choper 20 ans de taule. C'est vrai qu'on a été vraiment cons, pourtant ils étaient parfaitement imités nos billets, et on s'est dit bêtement qu'on gagnerait plus vite une petite fortune en faisant comme ça. Grave erreur.
Voilà tout.

mercredi 18 janvier 2023

Tout ça pour ça

 

On a fraternisé.
C'était  Noël 1914. Je ne sais toujours pas ce qu'on foutait dans cette guerre. A quoi servait-elle ? Un noble, genre archiduc, s'était fait buter dans son carrosse ... je m'en foutais. Mais non, je me suis retrouvé avec un fusil dans les mains avec cet ordre " tuer du boche". A Noël on a fait la trêve, on a échangé des cigarettes et des biscuits. L'état major n'a pas aimé. Alors j'ai fait ce qu'on m'a dit, j'ai tué un boche. Quand j'ai sauté dans sa tranchée il était là, la tête ouverte, tout jeune. Dans sa poche la photo d'un bébé. ça m'a anéanti. Je n'ai plus tiré une seule fois. Par chance je me suis pris une balle dans la main droite. Je suis amputé. On m'a filé une médaille ( je ne sais plus où elle est). J'ai commencé à peindre de la main gauche. Mes barbouillages ont plu, c'était moderne. Je suis presque célèbre aujourd'hui. Mais au fond de moi, si je suis encore au monde, je ne suis pas de ce monde.

Voilà tout.

Voilà tout.


 

mardi 17 janvier 2023

lundi 16 janvier 2023

Un crime parfait pour une bonne année

 


Il lui fallait du temps pour mener à bien son vœu secret. Justement la fin de l'année était proche. "Tiens, signe en blanc les cartes de vœux, je les remplirai à temps perdu, comme ça au moins les autres auront l'impression que tu as pensé un peu à eux." En grognant il s'exécuta. Elle lui servit son café. Il eut très mal au ventre et s'écroula, raide mort. " Au moins, pensa-t-elle, la mort au rat est très efficace avec les porcs aussi ". Il faut dire que son homme était un sale type, ivrogne, violent et  - ce qui va avec - bête comme ses pieds. Elle le découpa et le fit brûler deux jours dans le fou à pain qu'il venait tout juste de restaurer cet imbécile. A bout de plusieurs jours elle récupéra trois dents en or et les gros os qui avaient résisté à la chaleur. Elle mis l'or de côté ( en prévision d'un voyage aux Baléares) et broya les os dans le moulin qu'il avait restauré juste avant le four. Elle envoya les cartes postales avec la signature du défunt, et jeta les restes de l'ignoble époux en poudre fine dans la Marne toute proche. Elle attendit quelque jours et signala la disparition de ce goret à la gendarmerie. La maréchaussée enquêta. On avait la preuve qu'aux environs du premier de l'an il était encore vivant : douze signatures le prouvaient. On chercha beaucoup, personne n'avait vu ce salopiot à la gare en début d'année, aucun taxi ne l'avait pris en charge, il n'était pas genre à faire du stop, d'ailleurs il sentait trop mauvais pour cela. De guerre lasse on classa l'affaire. La veuve ... enfin  ... la femme délaissée vécut heureuse de longues années encore.

dimanche 15 janvier 2023

La vérité vraie

(Merci G.)
Enfin une météo qui ne ment pas. Aujourd'hui ciel bleu, du moins pour l'instant.

 

samedi 14 janvier 2023

La phrase romanesque

 Vous n'avez pas le temps de lire, la phrase romanesque est là pour vous nourrir l'imagination pendant une semaine.


J'ai inventé la valise gonflable.

(Balthazar Forcalquier)



jeudi 12 janvier 2023

lundi 9 janvier 2023

Aventures


 

En réalité rien n'a vraiment commencé. On plutôt cela avait débuté il y a longtemps, mais par petites touches, par de minuscules traces. La vie était alors une suite d'aiguillages et de paysages qui défilaient sans cesse. La vie était une sorte d'aventures minuscules qui occupaient une grande partie de l'espace. Chaque détail chassant l'autre. Et puis derrière, peu à peu - sans klaxonner - ces touches qui sont devenues de plus en plus essentielles. Non ! essentielles n'est pas le mot qui convient, disons par commodité " omniprésentes" ( ce qui n'est pas la même chose). 

Avec la lassitude et le risque de la vacuité, les évènements ont changé. Pour qu'ils deviennent vifs et drôles, il faut les prévoir, les organiser. Alors que naguère ils passaient en escadrilles. On en capturait quelques uns au passage, et cela nous suffisait bien. Mais, avec l'âge, le chasseur d'émotion est moins habile, plus lent, peut-être même plus méditatif. Et puis il se contente de prises moins frissonnantes ou pour le moins plus lasses. Leur saveur est plus fade, mais quand même le goût est présent. Quelles fastueuses explorations tout de même !

Voilà tout.

vendredi 6 janvier 2023

L'aphorisme de la semaine

 C'est bizarre : un con qui te fait une queue de poisson en t'insultant te pousse à la connerie, mais un gars intelligent qui te pousse à la physique quantique risque d'échouer.

(Balthazar Forcalquier)

mercredi 4 janvier 2023

Quand j'étais sentinelle

 


La tranche 2 h/4h du matin était la plus dure. Durant 24 h on montait la garde 2 h on attendait 4 h. L'ennui absolu : interdit de fumer, interdit de s'asseoir, interdit de lire. Et surveiller ses arrières car il n'était pas rare qu'un adjudant amateur d'embuscade tente de vous attaquer par derrière. La relève était divine. Seule évasion : l'imagination. Observer au loin les noctambules qui déambulent ivres sous les candélabres, imaginer l'accueil familial, la prise de bec, la bousculade, le front qui s'ouvre sur la table du salon, la mort de la femme, les assises, la prison, la découverte folle de la littérature, l'écriture, le succès, un prix Nobel ...
Voilà tout.
 

lundi 2 janvier 2023

quand j'étais hobo

 


La vie n'était pas simple alors mais elle avait ce furieux goût de liberté. Je chopais un wagon quand le train ralentissait dans une courbe. Souvent il y avait déjà là deux ou trois gars. La tradition était de partager la nourriture : une poignée de lentilles, un crouton de pain, très rarement une couenne de jambon. Un jour j'ai croisé là Woody Guthrie. Il avait un œil au beurre noir, chopé lors d'une manifestation en faveur du syndicat. Il a sorti sa guitare d'un vieux sac et il a chanté quatre heures durant. Comme j'allais en Californie ramasser des oranges, j'ai dû quitter le train dans une courbe. Je me rappelle encore la puissance de sa poignée de main. Il m'a souri. Bien plus tard j'ai appris qui était ce Woody qui écrivait : "La chanson ci-dessus a été écrite par Woody Guthrie et déposée légalement à Washington, D.C., sous le copyright numéro 75623489108663. Toute personne prise en flagrant délit en train de la chanter sans ma permission et de la diffuser deviendra sûrement de mes bons amis, parce que c'est la raison principale pour laquelle je l'ai écrite" 


dimanche 1 janvier 2023

Quand j'étais dans les Cévennes


Nous levions le pouce en fin septembre. Des jeunes en partance pour Katmandou nous prenaient en "stop". Ils s'exerçaient à être végétariens mais voulaient bien encore partager notre saucisson au casse-croûte de midi sur la départementale, avant de nous laisser gravir les pentes qui mènent aux grands plateaux nus. Sur le chemin ils allaient faire une halte dans l'une de ces communautés nouvelles qui peuplaient le vide là-haut. Les garçons avaient les cheveux longs et les filles portaient de longues jupes de coton coloré. Ils étaient doux, alors que nous deux ("R"et moi) étions des carnassiers aventuriers. Arrivés à Florac nous louions une 4L. Nous coupions le moteur dans les descentes pour économiser le carburant. Nous posions l'auto des jours entiers au bord d'un ravin pour aller nous baigner nus dans les torrents ou pour gravir les monts voisins venteux. Rien ne nous arrêtait dans ce désert. 

La liberté grande. Le tabac rugueux. Le thé bouillant sur les braises. Le miel avalé là-haut, juste au bord du ciel. Des routes pavées oubliées conduisaient à des mines abandonnées. Ces minces aventures nous nourrissent encore.