dimanche 13 octobre 2024

Quand Caroline se désennuie (6)

 


Caroline ne s'ennuyait plus du tout. Elle peaufina son projet et passa à l'acte.

Une nuit sans lune, c'était un mardi à deux heures du matin, équipée d'une pince monseigneur elle força sans bruit la porte de la vieille dame revêche qui ronflait si fort qu'on l'entendait derrière les volets. Caroline accomplit alors ce qui occupait son imagination depuis des mois. Elle égorgea la vieille qui mourut alors qu'elle se rêvait jeune dans un hôtel de luxe buvant un cocktail de couleur bleue. Avec ses gants de caoutchouc Caroline sortit la cravate de sa boite et l'aspergea avec le sang de la malheureuse victime. Puis elle glissa la cravate dans un sac en plastique. Elle passa par la cave et récupéra les lingots d'or exactement où Robert avait dit les avoir trouvés. En repoussant la porte derrière elle, elle laissa tomber dans le jardin l'enveloppe froissée qui portait le nom de Robert.

(A suivre)



samedi 12 octobre 2024

La phrase romanesque

 


Il ne faut pas croire un mot de ce que je dis ... même quand je dis cela !

(Balthazar Forcalquier)


vendredi 11 octobre 2024

jeudi 10 octobre 2024

Quand Caroline se désennuie (5)

 


Robert rapporta le lendemain la boite dans laquelle avait été pliée la cravate offerte.

_ « Je l'ai portée longtemps comme tu m'as dit, elle est un peu froissée, je ne l'ai pas repassée. Je voudrais une anguille piégée dans une nasse si tu peux broder cela.»

_ « C'est parfait » répondit Caroline avec un petit sourire en coin. « Elle ajouta, au fait tu vas toujours rendre visite à la grand-mère au bout de la rue ? »

_ « Oui toutes les semaines, elle n'est pas commode mais je crois qu'elle m'aime bien. »

_ « On raconte qu'elle est riche. »

_ « Chut, ne le répète pas mais c'est vrai. Un jour qu'elle m'a demandé de remonter une bouteille de sa cave où il y a un foutoir sans nom, j'ai renversé une caisse de Nicolas Reau … dedans il y avait six lingots d'or. J'ai tout remis en place. Chut ne le dis à personne. »

En souriant Caroline répondit

_ « Je serai muette comme une tombe. »

( A suivre lundi )



J'ai de la chance j'habite en Thouarsais

 

A Saint-Jean-de-Thouars, le Thouet est tendre et coquin, il caresse les berges gentiment avec volupté. Un grand monsieur vient de temps en temps avec un tout petit chien jeter sur la berge des morceaux de pain et du maïs. Il dépose ses cadeaux et repart sans un mot. Les canards sont  épatés. Tout est simple et sans manière. C'est très gentil, et très doux.

Les chanceux habitent en  Thouarsais  !

Le roi n'est pas notre cousin.

mercredi 9 octobre 2024

Quand Caroline se désennuie (4)

 




Il retira le papier cadeau, la cravate était belle dans sa boîte, l'étoffe était en fausse soie blanche. Impeccable ! Il était heureux.

Caroline présenta son projet

« Quand tu seras chez toi, tu ouvriras la boite et tu porteras ta cravate, longtemps dans ta maison, même au lit. Ensuite, quand elle sera bien faite à ton cou, tu la remettras dans sa boite et tu me la rapporteras, je te broderai dessus le motif que tu auras choisi : un poisson, un papillon, un oiseau … ce que tu veux, réfléchis. »

Robert était aux anges.

Pendant plusieurs semaines Caroline se leva très tôt pour aller fouiller dans l'obscurité la poubelle de Robert avant le passage de la benne. Un jour enfin elle trouva sous ses gants de caoutchouc ce qu'elle convoitait : une enveloppe avec dessus, naturellement, l'adresse de Robert.

( A suivre )



mardi 8 octobre 2024

Quand Caroline se désennuie (3)

 


Au bout de quelques jours une idée noire s'installa et prospéra dans son esprit. Très vite elle retrouva son dynamisme.

Voilà cette singulière histoire :

Caroline avait un voisin gentil, solitaire comme elle, mais totalement dénué de charme. A part raconter sa dernière partie de pêche, ou le changement d'une roue sur son auto, Robert n'avait jamais rien à dire.

La cible ce serait lui : Robert.

Elle l'invita à un apéro. Robert accepta avec joie, c'était son anniversaire. Caroline lui avait préparé un gentil cadeau : une cravate. Bon … ce présent était original parce que Robert, cantonnier, avait rarement l'occasion de porter une cravate.

( A suivre)


lundi 7 octobre 2024

Quand Caroline se désennuie (2)



Ses collègues des autres services se demandaient comment cela devait être chez elle. « Parfait », «  super impeccable » , « même la poussière doit être rangée » ajoutait en riant le secrétaire général. Ces qualités effrayaient les garçons qui redoutaient de courtiser une fille aussi parfaite : «  je suis sûr que chez elle il y a plusieurs paires de pantoufles selon l'usage dans chacune des pièces … Si cela se trouve elle a même une paire de pantoufles exclusivement vouée au lit ! »

Caroline était donc seule, très seule.

Si elle était parvenue à chasser l'ennui jusqu’alors dans les moindres recoins de sa vie, un beau jour, tout étant fait, vérifié et revérifié elle plongea dans la perplexité suivie d'une cruelle mélancolie : « que puis-je faire maintenant ? »


dimanche 6 octobre 2024

Quand Caroline se désennuie (1)

 Feuilleton policier  en neuf épisodes.


 1

Caroline était archiviste municipale. L'archive demande du calme, de la lenteur, le port de pantoufles l'hiver quand la neige caresse la vitre du bureau. Caroline était jolie, impétueuse, vive, elle redoutait l'ennui plus que tout. Pendant des années elle avait tué le temps en classant, rangeant, agençant, organisant, par ordre alphabétique, par sujets, par thèmes, par numéros, par dates, les dossiers, les fiches, les cartes, les notes. Tout était parfait au bout de quelques années. Ses supérieurs étaient admiratifs. Exemple :

« Caroline, au siècle dernier un terrassement a été entrepris dans la rue principale pour faire passer le gaz, avez-vous un document là-dessus ? »

- « Bien sûr monsieur je regarde. »

Et huit minutes plus tard un vieux dossier aux couleurs ternes arrivait sur le bureau du maire qui lui adressait un compliment sincère.

( A suivre )

samedi 5 octobre 2024

La phrase romanesque

 Lun des métiers les plus dangereux : homme sandwich chez les anthropophages.

( Balthazar Forcalquier)