dimanche 15 septembre 2024

Un bol de lait créole (5 suite de jeudi dernier)

  


Cap à l'ouest, encore et encore. Un soir j'ai vu au loin une frégate. Je me suis approché, personne à bord, en tout cas personne sur le pont, à part des singes qui sautaient d'un mât l'autre. J'ai viré de bord et repris mon cap à l'ouest. Un sentiment secret me disait que l'ouest était prometteur, riche en surprises peut-être heureuses. Dans le tiroir du bureau il y avait des livres de Blaise Cendrars, c'est une belle compagnie que celle-ci. Au bout d'un moment j'ai passé un cap et longé d'immenses plages qui bordaient des étendues de sable infinies. Très loin, parfois défilaient des chameaux. Un jour un homme me fit signe. Dans les jumelles je vis qu'il était vêtu comme un nomade du Sahara. J'hésitais … Je mis le navire en panne. Je n'avais vu personne depuis des mois. Avec la chaloupe je suis arrivé sur la rive. L'homme m'a souri, il s'est accroupi sur ses chevilles comme le font les gens d'ici. Il a allumé un petit feu, a posé dessus une casserole d'eau et des feuilles sèches. Dans deux verres colorés il a versé du thé brûlant. Sans un mot nous avons bu le délicieux breuvage. Puis l'homme s'est levé et a fait sa prière. Avant de partir, toujours silencieux il m'a donné un sachet de thé dans une pochette de tissu rouge. J'avais rien sur moi qu'une montre, je l'ai tendue. Il l'a prise et regardé longtemps, l'a glissée dans une longue poche suspendue à son cou puis a tourné les talons, appelant son chameau par de curieux et longs beuglements. Je suis retourné à bord.

(Suite demain)

 

samedi 14 septembre 2024

vendredi 13 septembre 2024

jeudi 12 septembre 2024

Ici Thouars

 Samedi dernier la Shaapt (société d'histoire d'archéologie et des arts du pays thouarsais) a initié une belle chose : célébrer la liberté que Thouars a savouré le 2 septembre 1944, le maire et les responsables de la Shaapt ont été nets et précis lors de la cérémonie. Extrait de l'article de la NR








mercredi 11 septembre 2024

Un bol de lait créole (4)

 

(Gonsalvez)

Le moteur est parti au quart de tour, cap à l'Ouest. Quelques rares mouettes heureuses de croiser un humain m'ont accompagné un bon moment. Pour les remercier je leur ai jeté du pain. Il y avait du pain et de la confiture de framboise dans un placard. « Le roi n'était pas mon cousin » comme j'aimais à le dire jadis au temps heureux dans une campagne verte riche en lait et parfums fermiers.

Je ne sais pas où j'étais et je ne sais pas où j'allais. Le compas du bord était capricieux. Plein ouest, ça c'est facile quand on voit le soleil. Une tempête est arrivée, elle était furieuse, comme jalouse de mon minuscule bonheur. J'ai jeté l'ancre flottante, la proue face aux vagues déferlantes et je me suis enfermé dans la cabine, allongé, prêt à mourir. J'ai vomi. Au matin de la troisième journée la tornade a piqué plein sud, me laissant enfin tranquille. J'ai fait le tour du bateau, à part un mètre d'eau dans la cale apportée par les vagues et rapidement pompée, tout était en état. ( A suivre lundi)


mardi 10 septembre 2024

Un bol de lait créole (3)

 


Sur la plage ou je marchais depuis deux semaines, j'ai aperçu au loin un bateau. En m'approchant j'ai vu qu'en nageant un peu avec mon sac sur le dos je pouvais monter à bord. Une échelle de corde pendait le long du bastingage. J'ai attendu deux jours sur le sable, rien n'a bougé à bord. Alors j'y suis allé. C'était un petit bateau mais bien conçu, confortable, capable d'affronter la haute mer. Sur le pont deux cadavres se faisaient face. Deux hommes qui s'étaient mutuellement embrochés avec un harpon et une fourche. Ils étaient tous secs, momifiés. Pas lourds. Je les ai jetés par dessus bord avec la fourche. La cave était pleine de conserves, la réserve d'eau bien pleine, la cuve de carburant remplie à ras bord ; une croisière se préparait à l'évidence. Elle avait tourné court, et c'était mon jour de chance. J'ai branché la radio sur la batterie, les voyants se sont allumés, le haut parleur grésillait d'un canal à l'autre … Personne sur les ondes. Tant mieux ! Je n'aurai pas à refuser un appel au secours. 

(A suivre)


lundi 9 septembre 2024

Un bol de lait créole (2)

 

(Gonsalvez)

 

Toujours devant ! Au galop ! Foncer ! Prendre à peine le temps de sourire aux herbes ! Des rapaces me suivent de haut, je me demande qui attendent-ils ? Mon cheval ou moi ? J'ai soupiré en arrivant sur la plage. Le cheval épuisé tituba et s'effondra, mort … les vautours furent récompensés de leur admirable patience. Mes impédimenta s'étalèrent au sol aussi je n'ai gardé que l'essentiel. Il me fallut faire un tri brutal et abandonner le portrait de mon aimée morte du choléra du coté de Carpentras. Ma vie, dès lors, était devenue bizarre, j'avançais par pure habitude. J'avais pris l'habitude des cadavres partout, je m'étais même habitué à leur puanteur. Je savais qu'il ne fallait surtout pas les toucher. Je ne leur faisais donc pas les poches. Pourquoi faire d'ailleurs ? l'argent n'avait plus aucune valeur ; acheter quoi et à qui ? Que faire de bijoux et de lingots, il m'était arrivé de trouver un sac entier de pièces d'or, mais je cherchais de quoi manger moi !

Les gens étaient morts. Et les rares survivants évitaient de se croiser. Je voyais parfois au loin une petite famille, ou des femmes seules qui hurlaient, ou des hommes courbés furieux et armés. Il fallait éviter toute cette populace qui pouvait mourir soudain dans des spasmes en bavant une sorte de riz au lait. ( A suivre)


dimanche 8 septembre 2024

 



Un bol de lait créole (1)
(A.A)

Je crois que mon cheval ne m'aime guère. Je le vois dans son regard dégoûté quand il me fixe. Tant pis pour lui, moi-même je n'ai pas d'affection particulière à lui prodiguer. Il pue quand il sue, il défèque sans respect. Nous allons depuis des mois à travers ces pentes, sans rencontrer âme qui vive. Il est mangé par les taons et moi par les tiques, au moins nous avons cela en commun. Je vois bien qu'il se demande où nous allons. Que puis-je lui dire ? Je l'ignore moi-même. Nous allons plein ouest parce que j'ai appris jadis que c'est là-bas que la mer est. Je me dis que face à l'océan je verrai peut-être une vie, une voile. En tout cas il sera plus simple de scruter l'horizon, alors que dans ces monts perpétuels la vue est bloquée par des rochers immenses, sans cesse. Le soir le cheval broute et moi j'allume le feu, je bois du thé et mange des rongeurs piégés. La solitude est totale.

(A suivre)

samedi 7 septembre 2024

Reprise demain

 Demain le blog reprend avec une nouvelle qui s'appelle " Le bol de lait créole".  Un voyage lointain et bizarre et quatorze épisodes.



(Gonsalvez)