Le printemps arrive enfin.
Je vais voir Lipaz aussi souvent que je peux. Je ne sais pas comment elle fait, mais elle est toujours fraîche et jolie. L'autre jour, ô miracle, elle avait une petite branche de lilas blanc dans les cheveux. Son frère travaille dans la police juive, il est bien nourri, il a des privilèges, il trafique.
Il ne m'aime pas et j'évite de le croiser... pas envie de goûter de son bâton!. Les enfants jouent aux contrôles de papier et à la police. Ils font semblant de se bastonner.
Je lui ai dit combien elle était belle, elle a souri, et quand nous nous sommes quittés, elle s'est retournée, et m'a envoyé un baiser. Je l'ai pris au vol et je l'ai mis dans ma poche où il y avait un quignon.
J'ai trouvé du boulot. Je suis recruté par le Judenrat. Il s'agit de construire un mur de 4 m de haut tout autour du ghetto.
Je suis, le plus clair de mon temps, hors du ghetto, à 20 cm hors de la limite. Mais les SS ne tirent pas, j'ai le droit, il me faut bien être là pour poser les briques. Dehors les gens passent. Ils vont leur vie simple et naturelle. Ils ont les souliers cirés, ils cirent leurs souliers. Une femme m'a croisé, elle avait dans les bras un gros bouquet de tulipes, c'était inouï. Elle revenait de chez le coiffeur, elle sentait le parfum. Quelle vie merveilleuse elle doit mener...
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