Un peu plus loin une falaise gigantesque nous regardait de très haut. Les rapaces alentis filaient souplement en spirales molles. C'était un lieu très haut placé dans le vent.
Les vents devaient y souffler des quatre coins cardinaux à tour de rôle et peut-être même parfois des quatre coins en même temps. Pas d'arbre sur la paroi. Ici et là, seulement de maigres arbustes qui parvenaient à glisser une racine dans les minces fentes de la roche. Le végétal s'y installait comme il pouvait. Et grandissait comme il pouvait sous les rafales nerveuses. Petits arbres épineux, toujours vieux, tordus, avares de tout et surtout de fleurs qui ne sentaient rien et n'avaient rien à donner qu'une vague couleur blanchâtre. Venaient ensuite de tout petits fruits sans chair. Ici la vie était sans luxe !
Voilà qui nous convenait parfaitement, voilà qui nourrissait à merveille nos méditations. Nous n'avions pas prononcé dix paroles depuis plusieurs jours. Chacun allait à ses nécessités sans avoir besoin de commentaires. Nous chevauchions de concert depuis si longtemps Amogh et moi que nous savions précisément ce qu'il y avait à faire aux moments utiles. Les tâches n'étaient pas à proprement parlé partagées. Mais communes, elles s'harmonisaient selon les exigences du moment. J'allumais le feu quand il soignait les montures ou l'inverse sans qu'il soit besoin d'organisation. L'instinct prévalait. Seule différence : il était chasseur et moi cueilleur.
( A SUIVRE)
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire