Nous avons franchi deux vallées plantées de bouleaux et de frênes. Le sol était spongieux. De vastes étendues de fougères ponctuaient les touffes de noisetiers. Amogh voulut qu'on fasse halte au pied d'un buisson épais. Il cherchait exactement ces belles tiges élancées pour tailler un arc. Nous avions déjà un arc d'acacia solide et puissant, mais il voulait une arme plus légère propice à la chasse au petit gibier. Deux hampes souples absolument semblables furent coupées et ligaturées entre elles avec un fort lien de cuir. Les extrémités longuement travaillées furent effilées.Une lanière fut prélevée sur un long bambou, et torsadée. Il n'avait pas fallu plus de deux jours pour fabriquer l'arme. J'en profitais pour soigner une vilaine toux qui me tenaillait la poitrine depuis les nuits mouillées et alcoolisées dans le « cul de loup ». Je composais une infusion : lichen d'Islande abondant dans les dolines que nous bordions depuis plusieurs jours, racine décortiquée de guimauve et de réglisse, sommités de serpolets, fleurs de pensée sauvage, pétales de coquelicots, fruits d'anis vert. Avec un cataplasme de gaines de lin broyées, le remède est souverain.
Nous abordions les pentes.
Nous n'avions pas bu d'alcool encore.
Après avoir traversé la châtaigneraie rescapée des combats contre l'orage, le chemin de crête était comme une zone franche. La foudre avait frappé un arbre sur deux, et plus encore. Le sentier était jonché de branches calcinées. Les bombardements célestes avaient été ici considérables ! Les arbres éventrés sauvaient tout de même quelques feuilles. Ces gueules cassées avaient de ces tendresses de fillette !
Nous sommes montés encore. Dans un champ de pierres encore chaudes de l'automne.
Un lézard amoureux zigzaguant sur la lauze a chu.
(A SUIVRE LUNDI)
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