vendredi 9 octobre 2020

Secousse 25

 


Résumé : Vends pierre tombale cause décès.

- Luc, à toi la parole, disait Marie sur la bande magnétique.

- Ma foi, d'accord ! répondait Luc. Dans les années 30 on ne connaissait que 35 tableaux intimes et sublimes du grand maître Vermeer, comme « La fille à la perle » ou « La laitière » ; mais aucun sujet religieux ! Soudain un antiquaire, Hans Van Meegeren découvrit le « Christ à Emmaüs » . Le tableau fut immédiatement attribué par les experts au grand peintre du XVIIe siècle. Hans Van Meegeren mit la main sur plusieurs chefs d’oeuvre de Vermeer jusqu'alors inconnus. Il fit fortune. C'était la guerre. Il vendit l'une des dernières toiles exhumées à Goering, le numéro 2 du parti nazi. Il empocha une coquette somme. A la libération, les Pays Bas accusèrent Hans Van Meegeren d'avoir vendu le patrimoine national à l'ennemi. Il risquait la peine de mort. Alors il avoua : ces toiles étaient fausses. Le faussaire c'était lui ! Il montra comment il avait procédé, quelles étaient ses  techniques. Il reproduisit devant témoins un « Jésus devant les docteurs de la loi ». Il était collabo, il devint un héros puisqu'il avait berné Goering !

Ces derniers mots furent salués par

- Hourra ! Hourra ! A Thomas ! A Thomas.

- Je veux bien, dit Thomas. Blaise Cendrars avait un fils aviateur, Rémy, qui mourut dans son avion en 1945 au Maroc. Blaise voulait que Saint- Joseph de Copertino soit le patron des aviateurs et non seulement celui des étudiants. Saint-Joseph de Copertino sentait bon, il était en odeur de sainteté, une délicieuse odeur émanait de lui, affirment deux moines de l'époque, François de Levanto et Jérôme Angelucci. Mais c'est pour une autre raison que Blaise Cendrars s'intéressa à lui. En effet Saint-Joseph de Copertino est l'unique saint de la chrétienté à avoir lévité à l'envers : il s'élevait devant l'autel et quittait l'église à reculons !

L'assemblée exultait, on entendait sur la bande magnétique les commentaires.

- Génial !

- Vive Blaise !

- Je vais faire moins bien, dit alors Marc. Mais puisque nous sommes en compagnie des auteurs voici ce qui arriva à Charles Péguy qui est mort au front le 5 septembre 1914 à Villeroy lors d'une offensive française. Une balle boche en plein front ! Après la guerre, comme il était natif d'Orléans, la ville fit édifier son buste en bronze. En 1940 l'aviation nazie bombarda la ville et un éclat vint perforer la tête du poète juste au dessus de l’oeil gauche, exactement au même endroit où la balle mortelle était entrée dans la tête 26 ans auparavant !

- Incroyable ! hurlait l'auditoire au comble de l'exaltation.

- A moi, je suis le dernier, dit Matthieu. Thomas Edouard Lawrence, plus connu sous le nom de Lawrence d'Arabie, avait pris une habitude peu commune alors qu'il n'était qu'un modeste officier : il ne saluait aucun gradé ! Ensuite, après son épopée en Arabie, il entreprit de rédiger son oeuvre maîtresse « Les Sept Piliers de la Sagesse » : 800 pages pour raconter son récit dans le désert et sa guerre contre les Turcs. Il perdit le manuscrit dans une gare en 1919 et se vit contraint de tout réécrire ! Sinon savez-vous que nous vivons une époque moderne en ces années 70 ? Il existe deux méthodes pour tenter de rendre abstinent un alcoolique. Soit on injecte un produit dans le sang du pochtron, et soudain il a très chaud, et il a grand soif d'eau. Cela s'appelle la piqûre chaude. L'ivrogne se dit alors que l'eau c'est merveilleux et il ne boit plus que cela. Autre façon de faire : on demande au malade quel est son alcool préféré, disons qu'il répond l'anisette. Alors on lui donne de l'anisette à boire encore et encore. Il vomit, il défèque dans sa culotte, on le tient bien enfermé plusieurs jours. Il boit autant qu'il veut et vit dans sa fange jusqu'à ce que l'anisette le dégoutte.

- Sapristi ! disaient les autres, trinquons d'urgence.

(A suivre)

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