mercredi 7 octobre 2020

Secousse 23

                                                        

                                                 
                                                 LE CRIME DE MARC

Résumé : Ne l'ayant pas reconnu, pour m'excuser je lui ai dit que je l'avais pris pour son jumeau.

La lecture de ces mémoires codés était renversante. Balthazar ne se lassait pas, et dévorait chaque page avec un appétit de loup. (Et toi lectrice et lecteur inconnue inconnu tu as très faim aussi ?) Alors accroche-toi !

Marie écrivait :

Marc entreprit un crime à sa façon : tordu et parfait. Il avait sa cible : Marcel Casse… Rien que le nom de la victime nous fit rire. Marcel Casse était le type même de l'abruti : fort en gueule, vulgaire avec les dames qu'il chassait le dimanche après-midi au bal de Saint-Martinde- Sanzay, chasseur viandard qui tuait même les chouettes sous prétexte qu'elles « couinaient » la nuit et l'empêchaient « d'en écraser ». Marcel était revenu de la guerre d'Algérie frais et dispo. Il est vrai qu'il n'avait jamais crapahuté dans le Djebel et s'était « contenté » de faire tourner la « gégéne » dans les caves de la villa Sésini sur les hauteurs d'Alger. Une villa de sinistre réputation. Il tortura à tour de bras si l'on ose dire. Il ne s'en vantait pas, mais cela ne l'empêchait pas de dormir, contrairement aux chouettes. Il s'était fait une spécialité : la torture des adolescents qui finissaient par tout avouer, même l'absurde. Il usait d'un molosse qui mordait au doigt et à l’oeil. Parfois Marcel en parlait avec une petite larme à l'oeil, au rendez-vous de chasse après une battue meurtrière. Personne ne l'avait jamais vu chialer sauf quand il évoquait la perte de ce chien « empoisonné par les crouilles ! Putain si je tenais le salaud qui a mis de la mort aux rats dans sa pâtée … crois-moi il passerait un mauvais quart d'heure ».

Nous nous étions tous réunis chez moi, notait Marie, en compagnie de belles bouteilles, c'était Noël et puis il y avait ce crime pittoresque à arroser, mais laissons Marc raconter : 

« Merci de me donner la parole, chère Marie, je ne mérite pas tant d'éloges car somme toute mon scénario a été simple à concevoir, et tout aussi aisé à mettre en oeuvre. Cet abruti de Marcel vivait encore et toujours avec un chien méchant. Il avait opté pour un Dogue du Tibet ou si vous préférez un Mastiff Tibétain, appelé encore Do-Khyi. Trois noms pour un cabot aussi con, il faut oser ! Il me fut aisé d'endormir ce dogue en lui jetant une boulette de bonne viande droguée. Comme il me fut facile d'endormir Marcel en venant lui proposer - à des prix défiants toute concurrence - des apéritifs anisés. Je l'ai saoulé en trois bouteilles sans eau. Une heure après mon arrivée, le maître et le molosse roupillaient ferme. J'ai approché le chien du maître. J'ai ouvert la gueule du clébard. Je l'ai bien refermé sur la gorge du con. J'ai tiré en arrière. Un gros morceau de viande est venu, la carotide a été arrachée. Le sang a pissé à gros jets. Les enquêteurs ont conclu à l'évidence : Marcel Casse avait été égorgé par son chien spécialement dressé pour ce genre de sport. Et ce n'est pas le crucifix accroché au-dessus du placard qui l'a sauvé ! Et toute ma gratitude à notre ami Matthieu ! »

( A suivre)

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