mardi 31 mai 2022

Vins de grande spiritualité


Il arrive parfois qu'en buvant un vin de Nicolas Reau on croise la grâce et l'on se met à léviter, la preuve.

 

dimanche 29 mai 2022

Constat

 


On peut en juger aisément : il est difficile de trouver des cuisiniers, des terrassiers, des serveurs, des saisonniers, mais il est aisé de trouver des sénateurs ou des députés. 

mercredi 25 mai 2022

Naufrage sous la canopée (4)

 


La boussole tournait à gauche puis à droite. Nous étions sur les nerfs et jurions comme des possédés. Anoki, le chef, nous offrit alors un jus verdâtre. Comme nous hésitions, il a bu le premier une grande lampée. Nous avons trinqué avec lui. C'était très amer. Avec des gestes nous lui avons demandé ce que c'était. Avec un large sourire il a répondu : "IBADOUUU! IBADOUUU ". Alors tous les trois nous avons lévité de quelques centimètres pour commencer. Et comme je pensais soudain à la rue de la Pompe à Paris je m'y suis retrouvé instantanément ! Réellement ! J'ai arpenté le trottoir un bon moment. Quand je me suis réveillé nous étions au pied de l'arbre géant. Je me suis souvenu que Blaise Cendrars l'évoque cette Ibadou, cette plante qui permet de voyager dans l'espace ... Depuis nous arpentons le globe. Mon pote Riton revient tout juste du Tibet et moi du Canada. Anoki on ne sait pas d'où il vient, on ne comprend rien à son charabia. Nous vivons nus dans les lianes. Nous sommes là depuis années. Il me reste encore à visiter Pernambouc, le Népal, un bout du Tonkin. Et après ... l'Eden.

Fin.

mardi 24 mai 2022

Naufrage sous la canopée (3)

 


Nous n'avions pas confiance dans ce chef de tribu. Il s'appelait Anoki. Il ne regardait que notre ombre avec un mince sourire. Nous sommes restés une semaine dans ce village, mangeant des poissons, des petits oiseaux et des fruits. Les habitants étaient gentils mais distants. Il comptaient ainsi : "un, deux, beaucoup". 
Une nuit nous avons été réveillés par le chef. Il nous a fait signe de le suivre. Nous avons marché jusqu'à l'aube dans le tintamarre des singes, des perroquets et des plantes carnivores ( car ici elles hurlent aussi). Nous sommes arrivés au bord d'un marigot. Un immense arbre de 7 m de diamètre plongeait des racines branchues dans l'eau visqueuse. Une fragrance puissante de charogne et de jasmin saturait l'air. Nous avons levé nos haches. Mais le chef a levé la main et a fait ce geste qui signifie dans toutes les langues "doucement, on a le temps". Il avait raison, il aurait été stupide d'abattre cet arbre inconnu, nous n'avions aucun moyen de transporter le tronc ensuite. Nous avons établi un campement pour noter paisiblement la position exacte de ce géant. Mais ce fut impossible les instruments semblaient fous. 
(A suivre)

lundi 23 mai 2022

Naufrage sous la canopée (2)

 






Alors nous avons embarqué à bord d'une vaste chaloupe pour rejoindre l'embouchure de l'Amazone. La rive s'étalait mollement à gauche. L'eau bronze du grand fleuve venait à grands remous se métisser avec la mer smaragdine, voilà qui annonçait des ravissements brutaux. Lentement nous avons quitté l'océan pour pénétrer dans le ventre de la forêt. La tapouille quittée à Manaus nous avons pris un voadeira ( sorte de barque) hors d'âge. Plus loin, toujours plus profond. Nous avons bifurqué vers le Purus. Les arbres imposaient le silence le jour ; et la nuit tout hurlait, hululait, clabaudait, une fièvre brutale soudain nous jetait dans le fond de l'embarcation. Nous avons vu un galion espagnol perché haut dans les arbres. Enfin nous avons débarqué dans un village végétal. Notre interprète nous conduisit au chef qui écouta en silence notre requête : "ils veulent des grands arbres rares et odoriférants". Sans un mot il hocha la tête pour signifier qu'il avait compris. Il tendit la main et accepta la liasse de dollars avec un sourire triste.
(A suivre)

dimanche 22 mai 2022

Naufrage sous la canopée (1)


                                   

Nous avions débarqué sans encombre à Belém du Parà dans une chaleur mouillée qui semblait un étau mystique. Le moindre geste imposait un effort épuisant. Pourtant au bout d'une quinzaine de jours passés sous la moustiquaire dans un hôtel bon marché situé juste au-dessus d'un poissonnier puant, nous avons repris vie. La chicha bue en abondance, allongée de cachaça, fut salvatrice et bien souvent elle nous a offert joyeusement les amitiés des divinités. On a rapidement jeté nos rangers et nos vestes sahariennes (achetées trop chères dans un magasin spécialisé de Paris). Vêtus de sandales, chemisette et pantalon de coton nous nous "sommes jetés à la table épaisse des étrangers" comme disait Montaigne. L'aventure qui s'ouvrait là s'annonçait rude et extravagante. Nous étions venus couper des bois gigantesques, rares et odoriférants. Il était question de faire fortune. Rien ne s'est déroulé comme prévu.

( A suivre)


samedi 21 mai 2022

La phrase romanesque

 Tu peux lancer ton filet dans le passé, tu n'en ramèneras que des proies mortes.

(Balthazar Forcalquier)



mardi 17 mai 2022

La transhumance minérale

 

Sur cette planète sans vie, les pierres ont inventé une sorte de transhumance. Tous les 10.000 ans cosmiques elles se déplacent sur un trajet hasardeux. Le miracle c'est que jamais elles ne se percutent, comme si elles étaient conscientes. Elles profitent d'un changement de pôles et de la bascule de l'astre pour cheminer. Cela dure entre  3 et 4.000 ans cosmiques. Le trajet est de l'ordre de 12.000 unités grades par séquence. Comme aucun vent ne souffle sur ces sols, on peut voir en arrivant les  magnifiques dessins créés par le hasard. 


L'art n'est pas qu'une affaire humaine. 

Voilà tout.

lundi 16 mai 2022

Et sans hameçon !


 Bill était un original, il n'aimait rien tant que la pêche en profondeur. Enfin ... quand je dis pêche ... il ne mettait jamais d'hameçon au bout de sa ligne. " Je suis tranquille là, personne pour me distraire, je me repose et je ne peux pas picoler, c'est vraiment idéal pour s'éloigner des tourments du monde. Comme on dit : je bulle. Je me sens comme un poisson dans l'eau" disait-il. Un jour il a été emporté par le filet d'un chalutier. Le pêcheur pêché !

Voilà tout

dimanche 15 mai 2022

Pour votre bien

 Je suis globothérapeute, je traite globalement tout ce qui vous chagrine. Je peux aussi soigner à distance un de vos proches qui habiterait de l'autre côté du globe. Succès globalement assuré. Envoyez vos chèques à Balthazarus Globus.

ça vaut le coup d'essayer.



samedi 14 mai 2022

La phrase romanesque

 Je regarde la lune de la même façon que Cro-Magnon ou Balzac.

(Balthazar Forcalquier)



vendredi 13 mai 2022

mercredi 11 mai 2022

Interrogations internes

 Mon cerveau, qui est assez intelligent ( si je crois ce qu'il me dit) se laisse avoir comme un bleu par l'alcool ! Il sait pourtant de quoi il s'agit ... ou alors c'est le ventre ( qui est notre deuxième cerveau ) qui lui tend un piège ...



lundi 9 mai 2022

Equations

 Partons d'un postulat 

A + B = X

X + Y = Z

Bien ... Mais que donne l'équation Y + Z = ?

J'ai trouvé la solution : il faut inventer une lettre, une lettre nouvelle que j'ai baptisée "Kvim" ( comme ça se prononce). 

Elle ressemble à ça 

Voilà tout !
 

dimanche 8 mai 2022

Le goût des miettes

 


Las de secouer la nappe, il a inventé un système qui relie le producteur au consommateur. Voilà qui va changer notre vie il faut bien le reconnaître !

samedi 7 mai 2022

La phrase romanesque

 L'autre jour, sur les conseils de personnes circonvoisines j'ai ouvert le couvercle de mon inconscient ... Hou le souk là dedans , et une odeur de remugle, j'ai vite refermé et j'ai tiré la chasse d'eau. 

(Balthazar Forcalquier) 



mercredi 4 mai 2022

Bourlinguer sur la rouille (fin)

 


Résumé : je m'appelle désormais Bassembo-Lucien.

Il y a quelques temps j'ai eu une surprise merveilleuse. Riton de la Porte un vieux pote a débarqué de la pirogue qui vient chaque semaine de Ziguinchor. J'étais heureux comme un collégien qui fait le mur. On a mangé une savoureuse queue de crocodile. On a passé notre temps dans cette mémoire joyeuse qui nous unit. Il m' a proposé de repartir sur le champ : cap sur le Brésil, pour nous égarer dans l'Amazonie. Ah ! Sacré Riton ! Mais je ne peux plus quitter mon île. Il a bien compris ce choix " c'est vrai que tu as des rizières à entretenir maintenant. Cultive ton jardin". En partant, alors que sa frêle embarcation était déjà loin il a hurlé ce poème de Blaise Cendrars :
" Il n'y a plus que la Patagonie qui convienne à mon immense tristesse" et en riant il a achevé la citation " la Patagonie et un voyage dans les mers du sud, je suis en route".
A bientôt l'ami.
Voilà tout.

mardi 3 mai 2022

Bourlinguer sur la rouille (3)

 


Résumé : la mangrove et le début de l'initiation.

Sur l'île de Niomoune, à quatre heures de pirogue de Ziguinchor ( quand tout va bien ), le temps passe sans crier gare. Tout est calme. Je suis comme l'un de ses arbres indigènes, le fromager, dont la souche semble des écharpes lovées autour du tronc. Je suis ici depuis ... je ne sais plus. Un voyageur égaré m'a raconté que notre bateau avait été vendu par le capitaine qui a ensuite ouvert une épicerie ( il a prétendu auprès de l'armateur que ce tas de rouille a coulé) . Le navire cabote toujours sur la côte sénégalaise sous un autre nom parait-il.
Boubacar, le marabout qui m'a accueilli m'a dit avoir vu en moi des pouvoirs magiques ( en réalité je ne faisais que quelques tours de cartes et je connais un truc de fakir : écraser une cigarette sur la langue). Il n'était pas dupe, mais il a usé de ce petit mensonge pour m'initier. Il est soufi tendance animiste. C'est un homme doux. Je me suis converti de bonne grâce. Je m'appelle désormais Bassembo-Lucien. Un soir Boubacar m' a raconté ce qu'il s'était réellement passé avant notre arrivée. Mamadou le chef cuistot du navire est son frère. Lorsque nous sommes passés au large de la Casamance, Mamadou a ajouté une poudre à la soupe. L'équipage a soudain retrouvé le plaisir de la vie et le goût des alanguissements. Il était évident que l'Afrique serait notre refuge. Et tous les marins de cette coque rouillée posèrent leur sac ici. 
Boubacar le marabout est un saint. Il continue ses bienheureuses prouesses. Moi, je me suis marié avec Fatouma, nous avons quatre enfants rieurs. Je commence a bien savoir soigner la maladie du sommeil et a guérir les funestes piqûres du scorpion sénégalais, je possède un fétiche mais je n'ai pas le droit de dire son nom.
( A suivre)

lundi 2 mai 2022

Bourlinguer sur la rouille (2)

 


Résumé : il était question d'eau et de ferraille.

Bizarrement l'atmosphère changea à bord, il nous fallut quatre jours et six pannes pour accoster enfin à Ziguinchor. L'équipage était joyeux, moi même je riais pour un rien et n'avait aucun scrupule à désobéir à l'armateur. Le capitaine avait télégraphié : " panne de l'arbre de transmission, réparation indispensable." Ce qui était faux, si le rafiot était poussif, la transmission de l'hélice était la seule pièce en bon état. Mamadou, le maître queux était aux anges, Ziguinchor était sa ville natale. Nous fûmes accueillis par toute sa famille. Alors commença une nouvelle vie. Tout l'équipage fut accueilli par les adorables habitants de la Casamance. Les hommes se diluèrent dans la mangrove, dispersés dans les innombrables îles du cap Skirring. Moi-même je fus conduit en pirogue à Niomoune où un grand marabout me prit sous son aile magique. Niomoune l'île qui ignore la violence.
( A suivre)

dimanche 1 mai 2022

Bourlinguer sur la rouille (1)

 


Vingt-quatre jours s'étaient écoulés depuis notre départ du Havre. Le cargo rouillé à l'os était à bout de souffle, les pannes ne cessaient pas ... C'est curieux comme le hasard a de l'imagination quand il traque les tracas. L'équipage un quart brésilien, un quart thaïlandais, un quart polonais, un quart d'origines rares ne comprenait que quelques mots de français. Et de surcroît le capitaine Nicolas Grinvert était en colère du matin au soir il pestait sans cesse contre les hommes, la mécanique, la chaleur étouffante. Nous longions la côte du Sénégal. Cap plein sud. A l'est, au loin, une bande de sable jaune, à l'ouest, rien que les bleus céruléens de la mer et du ciel qui arrivaient parfois à se fondre totalement. J'étais le second. Notre armateur, un crétois obscur, avait tracé notre cap : il s'agissait d'aller chercher un chargement de peaux de chèvre et de noix de kola ( elle apaise et chasse le sommeil) et de le transporter ensuite en Malaisie. 
A bâbord le paysage changea et devint d'un vert soudain lumineux au crépuscule. Le capitaine soupira d'aise sourit pour la première fois et ordonna ; " Enfin, nous voici au large de la Casamance, cap à l'ouest ! Au diable le règlement!" Dans la cuisine, Mamadou riait.
(A Suivre)