mardi 6 octobre 2020

Secousse 22

                                             

 

                                                                    
                                                                  LE CRIME DE MARC

Résumé : A vendre neurone d'occasion très peu servi !

Jean avait choisi sa cible : un noble, Aimery de Boulfracis de Romagna propriétaire d'un immeuble dans le XVIe arrondissement et d'une vaste propriété en Sologne dûment clôturée qui empêchait les autochtones de ramasser les champignons à l'automne et qui bloquait désormais le grand gibier qui, depuis toujours, transitait dans ces vastes bois. Aimery aimait par-dessus tout chevaucher ses terres le dimanche après la messe. Il possédait aussi quelques terres et maisons près de Thouars, du côté de Oiron, où il venait régulièrement percevoir ses loyers. Jean, qui aimait les champignons et avait eu l'autorisation d'arpenter les bois de Oiron, croisait de temps en temps Aimery de Boulfracis de Romagna en bordure des halliers. Le marquis était obèse et ne pouvait franchir les taillis. Jean remarqua que le noble empruntait immuablement le même chemin. Or dans ce secteur perdu, un nid de frelons avait grossi d'année en année. Jean évitait de s'approcher de trop près, tant pis pour les ceps de Bordeaux qui prospéraient là.

Immuablement Aimery de Boulfracis de Romagna avant sa promenade dominicale allait manger des rillettes, des anguilles, des perdreaux, du gigot, du fromage en abondance, des babas au rhum au restaurant local. C'était bon et pas cher. Car le marquis était pingre, il appliquait (sans connaître son auteur) l'aphorisme de Sénèque : « Le pauvre n'est pas celui qui a peu, c'est celui qui n'a jamais assez. » En bon entomologiste Jean savait tout des frelons. Il savait que le géraniol, un alcool mono-terpénique insaturé était une phéromone efficace pour attirer les frelons. Ajoutée à la kairomone, il fournissait un cocktail prisé des insectes. Il baigna de larges rubans de toile dans un bain de géraniol/kairomone. Le dimanche suivant il s'offrit un bon menu au restaurant de Oiron. Dans le vestiaire, il glissa plusieurs de ces bandes imbibées dans la poche dorsale de la veste de chasse d'Aimery. Un peu plus tard celui-ci, repu, après avoir roté, enfila son caban de toile huilée. Il dit au maître d'hôtel qui l'aidait à s'habiller : « Mais qu'est-ce qui pue comme ça ici ! Vous avez pété ?» Et il partit faire sa promenade habituelle en oubliant bien sûr de donner un pourboire au personnel. En passant près du nid de frelons il fut attaqué par les insectes enivrés du parfum imaginé par Jean. Le noble prit de terreur courut, se débattit, ce qui immanquablement rendit encore plus furieux l'essaim. Il plia les genoux et s'effondra piqué à mort par des milliers de dards empoisonnés. On retrouva le cadavre du marquis boursouflé et puant… il s'était chié dessus. « Il déjà était gros, il était devenu énorme », confia le garde chasse à Marie venue faire l'article. Marie précisait dans le dossier codé :

– Nous avons bien ri. Jean a été très applaudi par Luc, Matthieu, Thomas, Marc et moi. Pour fêter cette magnifique exécution nous nous sommes enivrés à l'hydromel, ce qui était notre manière de saluer les insectes. J'ai demandé à Jean pourquoi il avait choisi ce personnage certes répugnant mais cela méritait-il de mourir dans ses excréments ?

Jean répondit :

– Chère Marie, chers amis - avec un merci particulier à Matthieu - voici les raisons qui m'ont guidé. Aimery de Boulfracis de Romagna tenait reclus dans son appartement parisien une domestique pakistanaise dont il abusait et qu'il avait réduite en esclavage. La pauvre femme eut un enfant du marquis. Aimery dès la naissance noya le bébé en le jetant dans la Seine sous le pont Mirabeau. La maman fracassée de chagrin se jeta par la fenêtre de la cuisine.

 

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