mardi 24 mai 2022

Naufrage sous la canopée (3)

 


Nous n'avions pas confiance dans ce chef de tribu. Il s'appelait Anoki. Il ne regardait que notre ombre avec un mince sourire. Nous sommes restés une semaine dans ce village, mangeant des poissons, des petits oiseaux et des fruits. Les habitants étaient gentils mais distants. Il comptaient ainsi : "un, deux, beaucoup". 
Une nuit nous avons été réveillés par le chef. Il nous a fait signe de le suivre. Nous avons marché jusqu'à l'aube dans le tintamarre des singes, des perroquets et des plantes carnivores ( car ici elles hurlent aussi). Nous sommes arrivés au bord d'un marigot. Un immense arbre de 7 m de diamètre plongeait des racines branchues dans l'eau visqueuse. Une fragrance puissante de charogne et de jasmin saturait l'air. Nous avons levé nos haches. Mais le chef a levé la main et a fait ce geste qui signifie dans toutes les langues "doucement, on a le temps". Il avait raison, il aurait été stupide d'abattre cet arbre inconnu, nous n'avions aucun moyen de transporter le tronc ensuite. Nous avons établi un campement pour noter paisiblement la position exacte de ce géant. Mais ce fut impossible les instruments semblaient fous. 
(A suivre)

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire