dimanche 1 mai 2022

Bourlinguer sur la rouille (1)

 


Vingt-quatre jours s'étaient écoulés depuis notre départ du Havre. Le cargo rouillé à l'os était à bout de souffle, les pannes ne cessaient pas ... C'est curieux comme le hasard a de l'imagination quand il traque les tracas. L'équipage un quart brésilien, un quart thaïlandais, un quart polonais, un quart d'origines rares ne comprenait que quelques mots de français. Et de surcroît le capitaine Nicolas Grinvert était en colère du matin au soir il pestait sans cesse contre les hommes, la mécanique, la chaleur étouffante. Nous longions la côte du Sénégal. Cap plein sud. A l'est, au loin, une bande de sable jaune, à l'ouest, rien que les bleus céruléens de la mer et du ciel qui arrivaient parfois à se fondre totalement. J'étais le second. Notre armateur, un crétois obscur, avait tracé notre cap : il s'agissait d'aller chercher un chargement de peaux de chèvre et de noix de kola ( elle apaise et chasse le sommeil) et de le transporter ensuite en Malaisie. 
A bâbord le paysage changea et devint d'un vert soudain lumineux au crépuscule. Le capitaine soupira d'aise sourit pour la première fois et ordonna ; " Enfin, nous voici au large de la Casamance, cap à l'ouest ! Au diable le règlement!" Dans la cuisine, Mamadou riait.
(A Suivre)

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