dimanche 22 mai 2022

Naufrage sous la canopée (1)


                                   

Nous avions débarqué sans encombre à Belém du Parà dans une chaleur mouillée qui semblait un étau mystique. Le moindre geste imposait un effort épuisant. Pourtant au bout d'une quinzaine de jours passés sous la moustiquaire dans un hôtel bon marché situé juste au-dessus d'un poissonnier puant, nous avons repris vie. La chicha bue en abondance, allongée de cachaça, fut salvatrice et bien souvent elle nous a offert joyeusement les amitiés des divinités. On a rapidement jeté nos rangers et nos vestes sahariennes (achetées trop chères dans un magasin spécialisé de Paris). Vêtus de sandales, chemisette et pantalon de coton nous nous "sommes jetés à la table épaisse des étrangers" comme disait Montaigne. L'aventure qui s'ouvrait là s'annonçait rude et extravagante. Nous étions venus couper des bois gigantesques, rares et odoriférants. Il était question de faire fortune. Rien ne s'est déroulé comme prévu.

( A suivre)


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