mardi 31 mai 2016

MENTEUR XVIII

(bien sûr on peut ne pas regarder jusqu'au bout, tant pis pour vous alors)


Avant de devenir hirsute et sage j'ai marché longtemps le long de cette mer.

Manger ? oui je le pouvais : des animaux saisis et dévorés crus. Mais boire ? Le premier jour un orage avait rempli les cuvettes naturelles, les trous dans les roches. Je marchais. Et je titubais.
Puis le soleil avait régné. Et j'allais en courant et hurlant.
Je voyais des femmes inconnues et goguenardes. Et des amis lointains. Et une fille qui, me voyant tournait les talons. Les filles ont cet instinct de préservation qui les rendent tellement  (in)différentes. Un besoin de sauver la couvée ... certainement.

Je traversais alors un bosquet d'épineux.
Mille feux dans les yeux.
Je titubais.
Et je m'effondrai.

En basculant en arrière le rideau de ronce s'effondra. Derrière une porte et derrière encore une pièce.
Je découvrais alors un refuge. Avec, dans le lit d'herbe sèche un vieux cadavre, celui d'un homme très sec. Dans le fond de la pièce le friselis d'un source...

Ainsi je prenais la place d'un vieil anachorète mort là il y a cent mille ans.. Il était bien équipé le bougre. Il avait construit sa cellule au bord même d'une fontaine qui traversait son unique pièce. Dans une sorte de placard je trouvai plusieurs briquets en mèche d'amadou.


Dans l'âtre j'allumais un feu. Puis je jetai le cadavre du haut du promontoire dans la mer. J'étais chez moi dès lors. Je piégeais des rats et je faisais griller des sauterelles. 

Une nouvelle vie commençait.

Je déféquais du haut des falaises, sans honte, à la vue des abeilles et des sauterelles. Sauvage ? oui, mais plus encore. Conscient de l'être.
Les hommes savent qu'ils ne savent pas. Les animaux ne savent pas qu'ils savent. Moi je savais ce qu'il y avait à savoir.

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