lundi 30 mai 2016

MENTEUR XVII






Il y a dans la solitude mille tortures et autant de plaisirs. Laissons-là les tortures dont on sait d'instinct les fers et les pics, les tranchants et les errements. Mais les plaisirs ! Ils offrent la liberté grande, celle de l'impudeur et celle de la folie. Etre seul vraiment est un trésor. Pas de compte à rendre. Pas de frontières. Pas de morale !

PAS DE MORALE !

On peut parler des langues inventées dans l'instant pour se parler à soi même et se comprendre. Imaginer des adverbes insensés. Avoir d'intimes pulsions comme ces papous qui fécondent la terre. Avoir des rêveries qu'il n'est pas nécessaire de partager au risque de les affadir.
Etre seul c'est croiser dieu et le diable d'un même mouvement.

Le diable te propose d'être le roi du monde et tu ris car tu es déjà - seul - le roi du monde.


Pas de bavardage vain quand on est seul. Ou alors des répliques anodines :
_ as-tu bien dormi ?
Auxquelles il n'est pas nécessaire de répondre. Car c'est bien là l'un des secrets : il n'est pas nécessaire de se répondre. On se parle seulement pour entendre une voix humaine, déformée d'ailleurs.
Je me couchais en me disant :
_ Ah la grand mère est bien fatiguée aujourd'hui !

Je déféquais du haut des falaises, sans honte, à la vue des abeilles et des sauterelles. Sauvage ? oui, mais plus encore. Conscient de l'être. 

Ma barbe avait poussé. Mais avant d'en arriver là il faut que je vous dise qu'une fois encore javais failli mourir.



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