Tout fut perdu. Nous étions partis en buvant du champagne, là-bas, dans ces marigots infestés de bêtes venimeuses. A bord nous buvions et nous trinquions, certains de trouver là-bas, au bout du fleuve la mine de diamants révélée sur un ancien manuscrit découvert un jour dans un vide grenier à Thouars. Toutes nos économies avaient été englouties pour partir, pour acheter un navire, pour recruter un équipage de trois autochtones. Partir, partir, partir. Le temps a passé, mollement, nous nous sommes épuisés, mangés par les moustiques énormes, chassant les serpents venimeux qui tombaient des branches. Tout était lent. Les maladies exotiques ont trouvé dans nos corps des territoires vierges. Un matin alors que nous somnolions dans la chaleur déjà excessive, le navire s'est brisé sur des rapides. Tout était perdu. Je suis resté seul à bord, buvant les dernières bouteilles de rhum, hurlant ma fureur aux étoiles. Quand on m'a retrouvé nu et chevelu je ne savais qu'aboyer.
Voilà tout.
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