Un peu
plus loin un lieu très haut placé dans le vent. Le vent doit
souffler des quatre coins cardinaux à tour de rôle et peut-être
même parfois des quatre coins en même temps. Ici il n'y a pas
d'arbre. Ici, seulement un arbuste . Il est extraordinaire bien qu'on
passe devant sans s'extasier. Pourtant c'est un champion. Il parvient
à glisser une racine dans une maigre fente de la pierre. Il s'y
installe comme il peut. Et grandit comme il peut sous les rafales. Il
n'est jamais jeune, il est toujours vieux, tordu, avare de tout et
surtout de ses fleurs qui ne sentent rien et n'ont rien à donner
qu'une vague couleur blanchâtre. Viennent ensuite de tout petits
fruits sans chair. Ici la vie est sans luxe ! La mousse n'est pas de
la mousse, elle est rêche et pourrait écorcher la main comme une
brosse de métal. Les plantes grasses sont rouges de honte et ne se
montrent guère. On s'interroge : à quoi pensent-elles sous les mois
de neige ? Certainement à la côte d'Azur où prospèrent leurs
cousines ?
La saxifrage est la plus obstinée, elle s'installe (
si l'on peut dire ) dans un creux de la taille de la main, et ne se
nourrit que de vent. Elle économise sur tout, sur l'eau et sur sa
respiration. Quand elle perd une feuille minuscule tout de suite elle
en fait un demi-gramme d'humus qui s'envole vite et que vole sans
vergogne la plante grasse.
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