mercredi 24 avril 2024

Retour dans les Cévennes (2)

 


Un peu plus loin un lieu très haut placé dans le vent. Le vent doit souffler des quatre coins cardinaux à tour de rôle et peut-être même parfois des quatre coins en même temps. Ici il n'y a pas d'arbre. Ici, seulement un arbuste . Il est extraordinaire bien qu'on passe devant sans s'extasier. Pourtant c'est un champion. Il parvient à glisser une racine dans une maigre fente de la pierre. Il s'y installe comme il peut. Et grandit comme il peut sous les rafales. Il n'est jamais jeune, il est toujours vieux, tordu, avare de tout et surtout de ses fleurs qui ne sentent rien et n'ont rien à donner qu'une vague couleur blanchâtre. Viennent ensuite de tout petits fruits sans chair. Ici la vie est sans luxe ! La mousse n'est pas de la mousse, elle est rêche et pourrait écorcher la main comme une brosse de métal. Les plantes grasses sont rouges de honte et ne se montrent guère. On s'interroge : à quoi pensent-elles sous les mois de neige ? Certainement à la côte d'Azur où prospèrent leurs cousines ?
La saxifrage est la plus obstinée, elle s'installe ( si l'on peut dire ) dans un creux de la taille de la main, et ne se nourrit que de vent. Elle économise sur tout, sur l'eau et sur sa respiration. Quand elle perd une feuille minuscule tout de suite elle en fait un demi-gramme d'humus qui s'envole vite et que vole sans vergogne la plante grasse.


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