Alors que j'allais nu ou presque, et maigre comme un ascète, arpentant pieds nus les épines en virevoltes sacrées je finis par attirer l'attention des bergers qui s'étonnaient et grondaient contre ce saint pissant face à la lune et hurlant des prières incompréhensibles.
Nourri - et même repu de ma solitude - j'esquivais les rares humains qui s'égaraient sur mes hauteurs. Je me tapissais derrière les arbustes aux longs dards. Je les observais qui traquaient un agneau égaré et gémissant.
Un jour on cogna à mon huis.
C'était un homme qui portait dans ses bras un enfant brûlant de fièvre. Il la posa sur ma paillasse et se retira dans un coin de ma misérable cellule... Sans un mote
L'enfant, très beau, avait de la bave aux lèvres. Une mousse jaune qui puait. Poussé par une divine inclination je l'embrassais sur les lèvres et fredonnais ce vieux tube qui enluminais l'HLM que j'habitais jadis en France.
L'enfant mourut durant quelques minutes sous le regard de son père anéanti, mais il ressuscita soudain. Il se leva soudainement, et sourit. Il avait soif et faim. Il dévora ma réserve de sauterelles grillées. Le père me baisa les mains et voulut m'offrir un agneau. Qu'aurais-je fait de cet animal stupide.
Je les chassais bien vite tous les deux.
J'avais autre chose à faire. Ils m'avaient mis en retard. Je devais aller sur la plage relever mes nasses.
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