Dans le New-York Times

 

 Roger Cohen publie un reportage sur Thouars dans le New-York times ! Bravo ! Voici cet article :

 

 

 « Bonjour Macron ! »

"Au Prem's, un petit bar de l'ouest de la France qui vend des billets de loterie et du tabac, cette salutation est devenue une plaisanterie récurrente depuis que le président Emmanuel Macron est passé à l'improviste l'autre jour et a offert une tournée de café à tout le monde, sauf aux clients qui avaient opté pour un sauvignon blanc tonique en milieu de matinée.

« Il n'est pas venu pour gratter ! » a déclaré Christophe. le joyeux tenancier du bar, faisant allusion aux jeux de hasard qu'il propose sur des cartes à gratter, où les numéros gagnants sont révélés en grattant une pellicule opaque. « Il est venu pour discuter. »

"Le président a discuté pendant plus d'une heure de la santé, de l'emploi, des salaires et d'autres préoccupations quotidiennes d'un peuple français inquiet. Juché sur un tabouret de bar, devant des paquets de cigarettes annonçant « FUMER DIMINUE LA FERTILITÉ », il semblait heureux de bavarder. C'était une pause pour M. Macron, qui cherchait à faire de l'Europe une puissance militaire crédible, maintenant que les États-Unis semblent souvent moins amis qu'ennemis.

"Certains habitués – et le bar en compte beaucoup, surtout parmi les retraités – ont été si choqués qu'ils ont d'abord pensé qu'il était un sosie de Macron.

« J'étudiais le formulaire de pari hippique, je me suis retourné et je me suis retrouvé nez à nez avec Macron !» a déclaré Jean-Claude agriculteur. « Je n'en revenais pas. Je l'imaginais plus arrogant, mais il était facile à aborder.»

"Un écran diffusait des courses hippiques. Des journaux étaient suspendus à un présentoir, tels des reliques. Un jeu de grattage appelé « Carats » affichait un succès fulgurant. Des cartes postales en noir et blanc étaient en vente. M. Macron a bu deux expressos sans sucre au bar en zinc, où les gens s'attardaient. Ils n'étaient pas pressés ; il n'y avait aucune raison de se presser. Chez Le Prem's, on se serait cru dans la France du cinéma, où l'amour naît dans des bars.

"Depuis son arrivée au pouvoir il y a huit ans, M. Macron peine à se défaire d'une image d'éloignement, qui lui a valu le surnom de « Jupiter ». Il a tenté, sans succès, diverses solutions, notamment une tournée de trois mois d'écoute et de discussions en province après le déclenchement des manifestations des Gilets jaunes en 2018, déclenchées par la hausse du prix des carburants.

"Aujourd'hui, sans presse, sans caméras, sans entourage et sans préavis, M. Macron a pris l'habitude de faire des tournées en solo dans des bars au hasard, principalement les « bar-tabacs PMU », les seuls établissements en France autorisés à vendre du tabac et à gérer des paris. Ils se distinguent par le symbole orange en forme de losange sur leur façade, familièrement appelé « la carotte ». Ces lieux où l'on peut parier sur les chevaux et bien d'autres choses, tout en buvant un verre et en profitant de ce qui reste de camaraderie, sont souvent parmi les rares commerces survivants dans les villages et les petites villes de France. D'innombrables boulangeries, cafés, bureaux de poste, gares, banques et petites épiceries ont fermé, sous l'effet du commerce en ligne, des grandes surfaces et de la pression sur les budgets municipaux.

"Thouars, ville de 14 000 habitants bénéficiant d'un joli cadre sur le Thouet, ne fait pas exception.

La rue Saint-Médard, autrefois animée en son centre, est aujourd'hui un défilé de magasins fermés. Alexandre a décrit la place principale comme un « parking d'aéroport » avant que le maire centriste, Bernard Paineau, ne se lance dans une campagne de « végétalisation » avec des plantations d'arbres et d'autres aménagements qui, pour l'instant, l'ont transformée en chantier. Un nouveau centre culturel, proposant des films et des expositions, ouvrira bientôt ses portes.