C'était en septembre 1915 à Navarin. Je m'en souviens d'autant plus que le lendemain mon voisin de tranchée, un gars de la Légion qui s'appelait Blaise Cendrars ( sympa et poète) a eu son bras droit arraché.
Moi je me lève un peu pour voir si en face ils avaient mis une mitrailleuse en batterie ; ça n'a pas loupé. Elle était bien là la sulfateuse. Elle a tiré. J'ai senti comme un énorme coup de poing dans la poitrine. Je suit tombé à la renverse et dans les pommes. Quand j'ai repris connaissance je me suis palpé : rien ! Même pas une éraflure. La balle avait perforé la poche supérieure de ma capote, où j'avais mis mon porte monnaie. Les pièces ont servi de cuirasse. Blaise en a été épaté, il m'a dit que cela valait un petit conte. Il avait même trouvé le titre "parfois l'argent fait le bonheur".
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