L'escroc savait faire trinquer

 

"hum ... parfum de marais ... ça va se vendre en bio " ( dessin Louie Travis)

Martial était un crapaud de haute volée si l'on peut dire. Il avait vécu longtemps de petites combines un peu minables, vendant de faux calendriers à des vieux, des lunettes à des aveugles, un  dictionnaire des signes à des muets ... Bref rien de bien lumineux. Jusqu'au jour où il fit fortune. Il avait trouvé l'idée géniale qui changea sa vie. Il n'en parla jamais à personne jusqu'à sa mort. 

On trouva alors dans sa table de nuit un petit texte de sa main qui dévoilait tout. Le voici :

"Ma recette

"L'investissement est minuscule : ouvrir plusieurs comptes bancaires, acheter le journal local, et au super marché, des bouteilles d'un vin très médiocre, et surtout le moins cher ! Relever les décès dans le journal. Ne conserver que les morts âgés. Uniquement des hommes. Retirer les étiquettes des bouteilles de vin. Les remplacer par des étiquettes de grands crus prises sur internet et photocopiées. Envoyer une caisse de douze bouteilles à la famille, accompagnée de ce mot " cher Monsieur, nous avons le plaisir de vous faire parvenir votre commande. Nous souhaitons qu'elle puisse vous apporter un grand plaisir. Veuillez trouver ci-joint la facture : 

12 x 270 € = 3.240 €. En votre aimablement règlement, etc, etc et ajouter les indications bancaires.

"Et c'est tout ! La famille éplorée paiera en se disant que pépé avait des goûts de luxe. Et s'il arrive qu'un héritier savoure les flacons, c'est sûr : il trouvera le picrate délicieux. A ce prix c'est bien naturel.

"Pour dix envois mensuels la recette est de 32.400 € moins le prix du journal et celui de la bibine."

"A votre santé !"