Certes la vie de Marcel Grasmifle n'était pas réjouissante. Tous les jours de la semaine il se levait tôt pour filer vers l'abattoir municipal où il nettoyait, à longueur d'année, les viscères chaudes des bovins. Avec le temps le remugle du sous-sol où il opérait imprégna sa peau. Marcel puait. Marcel était méprisé. Marcel était seul, sa femme ayant préféré les doigts agiles du tueur dans le même abattoir. Néanmoins, il existait une période dans l'année, durant laquelle Marcel devenait un pur héros, un grand monsieur, un personnage dont chacun cherchait la précieuse amitié. Le croiriez-vous, Marcel était alors courtisé, et par les notables même de la ville qui lui donnaient du " cher ami" du "passez donc prendre un verre"?
Photo de mariage ( dessin de Louie Travis)
Il ne connaissait pas Sénèque mais il aurait sans doute rougi en écoutant ce sage précepte : " le pauvre n'est pas celui qui a peu, mais celui qui n'a jamais assez". Marcel avait juste assez pour ne pas mourir de honte.
Voilà c'est tout.
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