mercredi 16 septembre 2020

Secousse 8

 

 



 

Résumé : le fascisme ça commence mal et ça finit mal ... je ne vois pas bien l'intérêt.

Par quel détour ces six-là se rencontrèrent-ils et comment devinrent-ils amis, et pourquoi choisirent-ils leur funeste destinée ? C'est tout l'objet de cette histoire. Ces six-là allèrent jusqu'au bout, pourtant rien ne les menaçait. Ils étaient parfaits !


Tout a commencé ainsi : dans un département voisin venait de se conclure un crime parfait. Un homme voulait se débarrasser de son épouse, une lumineuse alcoolique. Il avait repéré un bistro triste et plein de poussière, perdu en pleine campagne au carrefour de deux routes désertes. Il devint propriétaire de cet humble établissement pour une somme modique. Il installa là sa compagne puis il repartit poursuivre son activité dans une ville lointaine au nom exotique. L'épouse passa derrière le bar et y resta. Elle but. Elle but beaucoup. Elle oscillait derrière le zinc. Elle balbutiait des phrases absurdes et disait à son dernier et rare client : « Pas vu de prince aujourd'hui. Je nous remets de la gnôle, c'est ma tournée. » Cette femme mourut au bar, autant dire au champ d'honneur. Elle avait survécu à bien des assauts de tous les degrés, mais la vague finale : rhum, vodka, calva, avait emporté son ultime résistance. Elle s'effondra, pliant les genoux sous l'assaut. Une mort de théâtre, mais une vraie mort. Elle ne fut pas embaumée, pas besoin. Et fut enterrée seule, son mari étant parti avec la copieuse assurance vie sous d'autres horizons d'un bleu turquoise, avec, parfois, des rubans smaragdins dans le ciel au fond de l'horizon.


D'une façon très inattendue cet événement fut à l'origine de cette histoire. Marie qui était journaliste au Courrier de la République, seule en poste à Thouars, l'évoqua dans ses colonnes. Et comme on était en août et que l'actualité faisait la sieste, elle tira à la ligne. Et comme elle avait du talent, elle fut lue notamment par Jean, Marc, Luc, Matthieu et Thomas qui, ne se connaissant pas les uns les autres lui envoyèrent une lettre de félicitation. Elle choisit de les inviter à l'apéro tous les cinq pour les remercier. Le coup de foudre amical fut aussi soudain qu'inattendu. Ils décidèrent de se voir souvent, de partir en vacances ensemble, toujours à la montagne, parce que Marie n'aimait pas l'odeur des algues à marée basse, Jean n'aimait pas les fruits de mer, Marc n'aimait pas le sable, Luc avait le mal de mer, Matthieu détestait les couchers de soleil, et Thomas trouvait que les vins du littoral étaient morts. Il citait souvent ce merveilleux vigneron de Tourtenay qui disait : «  Le muscadet ? Pour qu'il ait du goût il faut qu'il soit bouchonné ».

Ces six-là étaient faits pour s'entendre.


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