dimanche 6 septembre 2020

Secousse (1)


 Secousse
(Car il faut bien inventer des choses
pour dire la vérité)

Tout ce qui suit est pure fiction, sauf les détails qui sont authentiques.

(à Ulysse et Capucine)

Chapitre 1 (qui par habitude arrive juste avant le chapitre 2)

Résumé : « c'est la récapitulation symbolique d'éléments importants d'un ensemble. Le veuvage, qui n'est pas sans quelques douceurs pour une femme riche, est, chez les gens qui vivent de travail, le résumé de toutes les misères. » (About,Grèce, 1854, p. 440, Centre National des Ressources Textuelles et Lexicales)

Ce qui suit s'est déroulé avant l'arrivée de Balthazar à la rédaction du Courrier de la République. Autant dire avant la vitesse limitée à 90 et bien avant le contrôle technique. A l'époque l'alcool au volant était une circonstance atténuante au tribunal : on avait bu, on n'était pas responsable ; et l'on pouvait mettre une caisse de vin en bois en guise de siège pour le conducteur d'une auto (authentique). Pas d'ADN, pas de téléphone portable, pas de hip-hop, Gérard Depardieu était encore fréquentable et le FN comptait pour du beurre. Les magnétophones existaient déjà, et l'on va voir que cela ne fut pas sans conséquence.

Avant ce n'était pas mieux… c'était plus facile.

Le temps avait passé comme il sait le faire, en traître. En traînant son gros cul. Avec, aussi, ce regard torve et maquillé lourdement. Le temps las. Le temps qui attend le client et arpente les rues sur des semelles usées, l'haleine lourde et le regard tendre, en dépit de tout.

La ville de Thouars commençait à sécher sur pied, comme un vieux plan de cannabis oublié en bas d'un mur décrépi ; comme si celui qui l'avait planté était parti loin, en taule, par exemple. Des rues entières s'émiettaient. Le mal commençait à un bout et remontait inexorablement. Le maire lâchait des fortunes en études ; et payait grassement des créateurs de logos pour relancer l'affaire. En vain… « Le logo n'est pas une loco » titrait avec subtilité le journal local Le Courrier de la République. Et plus la municipalité dépensait, moins l'argent entrait. La population, de plus en plus pauvre, ne payait plus l'impôt. La seule entreprise prospère était Pôle Emploi qu'on appelait alors ANPE (Agence Nationale Pour l'Emploi). Celle-ci confrontée à un succès insensé, avait été contrainte de changer de place. Elle avait été obligée de faire construire d'immenses locaux vitrés et climatisés sur la zone industrielle vide (la climatisation justifiait les fenêtres fixes qui décourageaient toute tentative de suicide, c'était habile il faut avouer). Ce fut un entrepreneur privé qui finança et qui loua les locaux. Ce type était l'ancien directeur de l'ANPE qui s'était reconverti dans l'immobilier. Une belle affaire. A ce train Pôle Emploi n'était pas prêt de faire faillite.
( A suivre).

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