Secousse
(Car
il faut bien inventer des choses
pour
dire la vérité)
Tout
ce qui suit est pure fiction, sauf les détails qui sont
authentiques.
(à
Ulysse et Capucine)
Chapitre
1 (qui par habitude arrive juste avant le chapitre 2)
Résumé :
« c'est la récapitulation
symbolique d'éléments importants d'un ensemble. Le
veuvage, qui n'est pas sans quelques douceurs pour une femme riche,
est, chez les gens qui vivent de travail, le résumé de toutes les
misères. »
(About,Grèce,
1854, p. 440, Centre National des Ressources
Textuelles et Lexicales)
Ce
qui suit s'est déroulé avant l'arrivée de Balthazar à la
rédaction du Courrier de la République. Autant dire avant la
vitesse limitée à 90 et bien avant le contrôle technique. A
l'époque l'alcool au volant était une circonstance atténuante au
tribunal : on avait bu, on n'était
pas responsable ; et l'on pouvait mettre une caisse de vin en
bois en guise de siège pour le conducteur d'une auto (authentique).
Pas d'ADN, pas de téléphone portable, pas de hip-hop, Gérard
Depardieu était encore fréquentable et le FN comptait pour du
beurre. Les magnétophones existaient déjà, et l'on va voir que
cela ne fut pas sans conséquence.
Avant
ce n'était pas mieux… c'était plus facile.
Le
temps avait passé comme il sait le faire, en traître. En traînant
son gros cul. Avec, aussi, ce regard torve et maquillé lourdement.
Le temps las. Le temps qui attend le client et arpente les rues sur
des semelles usées, l'haleine lourde et le regard tendre, en dépit
de tout.
La
ville de Thouars commençait à sécher sur pied, comme un vieux plan
de cannabis oublié en bas d'un mur décrépi ; comme si celui
qui l'avait planté était parti loin, en taule, par exemple. Des
rues entières s'émiettaient. Le mal commençait à un bout et
remontait inexorablement. Le maire lâchait des fortunes en études ;
et payait grassement des créateurs de logos pour relancer l'affaire.
En vain… « Le logo n'est pas une loco » titrait
avec subtilité le journal local Le Courrier de la République.
Et plus la municipalité dépensait, moins l'argent entrait. La
population, de plus en plus pauvre, ne payait plus l'impôt. La seule
entreprise prospère était Pôle Emploi qu'on appelait alors ANPE
(Agence Nationale Pour l'Emploi). Celle-ci
confrontée à un succès insensé, avait été contrainte de changer
de place. Elle avait été obligée de faire construire d'immenses
locaux vitrés et climatisés sur la zone industrielle vide
(la climatisation justifiait les fenêtres fixes qui décourageaient
toute tentative de suicide, c'était habile il faut avouer). Ce fut
un entrepreneur privé qui finança et qui loua les locaux. Ce type
était l'ancien directeur de l'ANPE qui s'était reconverti dans
l'immobilier. Une belle affaire. A ce train Pôle Emploi n'était pas
prêt de faire faillite.
(
A suivre).
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