Résumé :
Se
lever le matin est toujours un effort, c'est bizarre de commencer sa
journée par un effort
Je
vous parle ici de Thouars... Mais peut-être ne connaissez-vous pas ?
En une phrase on pourrait dire « c'est loin de tout »,
aux marches de l'Anjou et du Poitou, deux régions qui sont
elles-mêmes en bordure de Paris et Bordeaux, vous situez ?
Seules des routes départementales passent au large.
Deux
aventures incroyables sont venues briser Thouars.
- La révocation de l'édit de Nantes. Les prospères protestants ont soudain déménagé en Suisse ; ils avaient alors l'économie locale entre leurs mains soignées. Les réformistes partis, la richesse s'est réformée, et, par voie de conséquence, s'est effondrée. Il a fallu attendre longtemps pour retrouver un peu d'aisance. Il fallut alors vivre sans confort entre les porcs et les vaches.
- Bien plus tard les cheminots sont arrivés. Et la vie fut de nouveau belle. Des locomotives à vapeur entraient en gare, elles avaient tant de grâce qu'on appelait leurs conducteurs « des sénateurs ». Certaines machines avaient des noms et des couleurs de filles, comme « Micheline ». Et avec les trains les grèves aussi entraient en gare. Les défilés entraient en ville. Les poings levés dans les cortèges. Les tomates jetées sur des dignitaires parisiens (sur le ministre Raoul Dautry). Ho ! La belle époque. On construisit des quartiers cheminots, d'abord celui des manœuvres et chargeurs de chaudière en parpaings de mâchefer : « le village noir ». Et puis celui des cheminots cossus « le Cottage ». Dans ce dernier quartier fleuri de géraniums on édifia même une église « Notre Dame du Cottage » en plaçant le chœur à l'ouest et la porte à l'est, c'est-à-dire complètement désorientée ! Normal les cheminots ne sont pas des culs bénis.Les cheminots renâclaient à venir se perdre à Thouars… et puis ils étaient charmés au point de venir y passer leur retraite. Ce brassage humain, ce partage entre gens du nord, du sud et de nulle part constitua l'esprit de la cité ouverte à tous, tolérante, apte à la fête. Mais quand la ligne ferroviaire Paris-Bordeaux a été détournée par Poitiers ; l'économie locale s'est effondrée de nouveau.
Après
les parpaillots (très croyants) et les cheminots (très CGT) la
ville a plié deux fois les genoux. Elle attend, depuis, un nouveau
miracle. Elle tente le tourisme, mais ce n'est pas gagné. Josiane
Birdat qui vend des couleurs rue Saint-Médard l'a dit au maire sans
chercher midi à quatorze heures avec sa vulgarité naturelle :
« C'est pas à mon
âge que je vais apprendre le face de citron et le bougnoule ! »
Ce à quoi le maire a répondu : «
On ne dit pas ça Mme Birdat, on dit le japonais ou le quatari !»
Il reste qu'on n'a encore jamais vu un investisseur nippon ou un
prince arabe rue Saint-Médard. Ici pas de pétrole et assez peu
d'idées... Thouars avait bien été au bord de la mer… mais
c'était au temps des dinosaures. Des dinosaures il en restait bien
quelques uns chez les élus, mais cela ne faisait venir personne !
A part aux vins d'honneur.
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