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| Le "cul de loup" (la cabane dans laquelle logeait le bûcheron pendant les coupes) |
Dans ce fond de Sologne la forêt et les étangs murmuraient parfois. On entendait aussi les rapaces, les cerfs hurlants, les sangliers vociférants ... Et le choc sourd de la hache sur les troncs. Il était bûcheron, beau gars, fier, avec une grande moustache rousse. La baronne qui se promenait parfois avec un bouquet d'acacia dans les bras l'avait remarqué. Un jour qu'elle passait devant le "cul de loup" (la cabane creusée dans laquelle logeait le bûcheron pendant la saison des coupes) elle fit semblant de se tordre une cheville et appela " à l'aide ! à l'aide". Il sortit de son trou, la prit dans ses bras et embrassa son pied menu. Ce fut une belle histoire d'amour. Elle sentait le patchouli et lui la résine. Le baron appris cette aventure le jour du banquet des chasseurs. Par malchance le bûcheron mourut la semaine suivante dans les fougères. Il cherchait des champignons, le baron le prit pour un sanglier. L'affaire fut rondement classée. Accident de chasse bien malheureux. La baronne se mit au bridge. Le "cul de loup" abandonné s'effondra en partie.
Un jour on trouva le baron égorgé au pied d'un pin laricio. Ce que personne ne savait (et n'a jamais su) c'est que le bûcheron avait des origines corses. Tout le monde ignorait qu'il savait écrire et qu'il envoyait des lettres à sa sœur restée sur l'île, des missives dans lesquelles il racontait ses amours folles avec la baronne. On avait bien vu passer un Corse à l'auberge du village, il disait vouloir acheter du bois. Mais on ne le revit jamais.
Voilà tout.
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