dimanche 16 octobre 2016

Le tarif des lauriers

Quand j'étais petit, existait un tarif magique. Il m'a longtemps fait rêver, il recouvrait pour moi quelque chose d'inaccessible. Quand on est petit, plein de choses sont hors de portée, on sait qu'il suffira d'attendre un peu pour acquérir enfin la taille suffisante, puis on tendra le bras et l'on saisira enfin le désir à pleine main ; mais en l'occurrence la magie noire était de la partie. Les centimètres n'étaient d'aucun secours.

Le tarif établi par mon père était triple:
_ le premier, le plus beau, le plus grand, le plus somptueux. Sa lumière me parvenait après un long temps de méditation comme font les rayons des étoiles lointaines. C'était le saint Graal. Son nom : 50 F ( soit aujourd'hui 7,5 €). Il venait récompenser une première place à l'école ou au collège.

_ Le deuxième : 25 F ( 3,80 €) pour une place de deuxième.

_ Et enfin 5 F (0,76 €) pour une place de troisième.

 C'était le seul argent de poche disponible à la maison. Autant dire que des décennies durant j'allais "le fond de mes poches crevées". Je ne me souviens pas avoir été jamais premier, ni second, peut-être troisième en rédaction... Il faut préciser que ce tarif ne s'appliquait qu'aux matières nobles :  maths, français, sciences. Sûrement pas à la gym ou à la flûte à bec. D'ailleurs j'étais également nul dans ces disciplines.
Je me souviens qu'un jour on m'offrit ( quelle parente folle ?) une tirelire avec une petite serrure et une petite clef. J'ai fini par glisser la clef dans la fente.




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