Je me suis engagé chez les paras pour échapper à la maigre terre d'Auvergne. Soudain, l'aventure vraie est à portée de main. Parachutiste chez les coloniaux c'est la garantie d'aller très loin, là-bas en Asie. Le monde chez les paras est simple : il y a ceux qui passent la porte et les autres. Ajoutez à cela des officiers attentifs à leurs hommes, partageurs, chaleureux, prêts (je l'ai vu) à soulager de sa charge le marsouin épuisé après une nuit de marche. Donc me voilà dans les rizières, c'est rude mais on est entre nous. L'ennemi est redoutable, audacieux. Il gagne notre respect. Un jour j'apprends que la piastre (monnaie locale) permet à des trafiquants politiques de bâtir des fortunes, pire les communistes d'en face en profitent pour spéculer aussi et achètent avec ce profit des armes dont les canons nous alignent ... L'argent du colonisateur français permet à l'ennemi de mieux s'armer pour nous abattre ! Jacques Despuech a écrit un bouquin là-dessus, et tout le monde s'en fout. Mon vieux pote Jacques vient de se prendre une balle en pleine tête. Alors, dégoûté, je déserte. Je pars sur les hauts plateaux, seul. Alors que je me prépare à crever de faim, de fatigue, de dégoût dans cette jungle d'épines.Un Moïs nu me tends la main. La tribu m'accueille, me nourrit, me sourit sans cesse. Je prends femme rieuse. Je suis heureux comme un aventurier qui a cessé de courir. Un jour une bombe au napalm anéantit le village et moi en plein bonheur.
Voilà tout.
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