mardi 14 janvier 2020

Moins 20° à Thouars

une aquarelle signée  Christian Seguin



Cet hiver était terrible à Thouars. On pouvait traverser la rivière à pied sec, et pour puiser de l'eau un employé communal fut  envoyé pour entretenir nuit et jour un trou dans la glace. Il y perdit ses doigts avalés par un silure flegmatique. Le bois vint à manquer. Des arbres du parc Imbert étaient abattus et débités en bûches. Le bois qui n'avait pas séché, enfumait les masures. Bressuire gardait pour elle les bouses de vaches qui brûlent bien mieux qu'un saule pleureur. Martine tentant d'arracher à la barre à mine dans son petit jardin quelques topinambours fit soudain jaillir une mince source de pétrole ! Elle fit fortune en une semaine ! La presse titrait " Thouars a des idées et du pétrole".  C'est vrai que les idées il y en avait comme cette recette à base de sable moulu fin avec sa farandole de pavés. On avait froid et faim. Le député et le sénateur, réfugiés à Paris, compatissaient.

Le printemps arriva enfin. Martine ayant épuisé son gisement s'en alla vivre dans les îles là où le gel n'existe pas. On découvrit un jour, lors de travaux, qu'il n'y avait pas de pétrole ici, seulement une vieille cuve enterrée et oubliée dont le propriétaire avait fait le plein dans les années 1960 avant de mourir d'une soudaine attaque.
Bressuire stocke aujourd'hui encore les bouses de vache ... Le maire a dit dans la presse locale " après le réchauffement climatique : la glaciation. Et Thouars qui claquera alors des dents, et tentera en vain de rejoindre le "grand Bressuire" .

Voilà tout.

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