Nous levions le pouce en fin septembre. Des jeunes en partance pour Katmandou nous prenaient en "stop". Ils s'exerçaient à être végétariens mais voulaient bien encore partager notre saucisson au casse-croûte de midi sur la départementale, avant de nous laisser gravir les pentes qui mènent aux grands plateaux nus. Sur le chemin ils allaient faire une halte dans l'une de ces communautés nouvelles qui peuplaient le vide là-haut. Les garçons avaient les cheveux longs et les filles portaient de longues jupes de coton coloré. Ils étaient doux, alors que nous deux ("R"et moi) étions des carnassiers aventuriers. Arrivés à Florac nous louions une 4L. Nous coupions le moteur dans les descentes pour économiser le carburant. Nous posions l'auto des jours entiers au bord d'un ravin pour aller nous baigner nus dans les torrents ou pour gravir les monts voisins venteux. Rien ne nous arrêtait dans ce désert.
La liberté grande. Le tabac rugueux. Le thé bouillant sur les braises. Le miel avalé là-haut, juste au bord du ciel. Des routes pavées oubliées conduisaient à des mines abandonnées. Ces minces aventures nous nourrissent encore.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire