Je veux ici préciser une chose : j'ai toujours veillé à n'avoir aucune relation amoureuse dans cette bande, même si les filles plutôt fines et jolies portaient avec charme des robes indiennes colorées, et même si l'amour libre était là plus qu'un principe toléré, c'était une évidence. Cela me donna vite une sorte de sainte réputation.
Elle s'appelait Marie-Catherine et lui Pierre. Après avoir partagé notre tisane d'ortie au café solidaire du village, je suis arrivé chez eux bien simplement. Une chambre me fut attribuée, chauffée au bois naturellement. J'ai voulu travailler un peu mais j'étais si maladroit que cela les faisait rire. Les autres membres de la communauté était de la même eau. La cardage de la laine est une tâche lassante, et le suint pue le rance et la vieille bête.
Sous prétexte de besoins spirituels, je demandais humblement à être déchargé d'un bon nombre de tâches harassantes comme le ramassage du foin, le soin apporté aux cochons, la traite des brebis et des chèvres. Il me fallait méditer. C'était l'occasion pour moi de me retirer pour satisfaire mes besoins de sieste. Mes fréquentes "méditations" imposaient peu à peu le respect et l'admiration. Au bout d'un mois j'étais bien installé. Je ne faisais pas grand chose et tous me saluaient avec déférence. Certaines m'appelaient même "lumière" avec un gentil sourire. Tous étaient végétariens mais moi je pouvais manger leurs délicieux saucissons et jambons. Ces produits travaillés à l'ancienne étaient fameux. Cette savoureuse charcuterie leur apportait d'ailleurs l'essentiel de leurs revenus. Au tout début ils avaient appelé leurs gorets Riri et Rérette. Mais à l'heure du sacrifice ce fut bien douloureux : il fallait égorger Riri et Rérette ! Alors les suivants furent nommés "Hitler", " Mussolini", "Pinochet", "Franco" etc... Ils étaient délicieusement cons.
( A suivre)
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