mardi 13 juillet 2021

Sur les quais dans les embruns, les caps poétiques de Francis Carpentier

 

Le livre.

 https://www.youtube.com/watch?v=gT0YJT2QXac
 

La poésie sert à voyager. C'est alors que ce petit livre de Francis Carpentier titré « Douanes » nous emporte. Francis Carpentier habite près de Thouars, il était douanier, il connaît tout des mystères de ce métier qui arpente les quais et voyage sous les tirants d'eau des cargos. Sans titre ( pour ne pas les enfermer) ses sonnets sont merveilleux. Il y a de la brume, des effluves de calfat, des accolades, des sourires, des regrets, des bouteilles, des butins. Et des voyages sans cesse, sans cesse.

Soufflent là les alizés du Brésil et les brises de Casamance.

Chaque page est un ravissement :

« Lassé du hangar aux bananes

Et curieux d'autres horizons,

Laissant sa femme à la maison

Il fit voile pour la Guyane»


Blaise Cendrars disait que « la nomenclature » des douanes ( ou tous les objets et toutes les marchandises existants au monde sont répertoriés) était un livre plein de prodiges. Il permet de flâner entre les méridiens en levant juste le nez. Se cachent là au détour des vers, des mots comme "écorer" (tenir les comptes d'un bateau de pêche), ou "darse" (bassin abrité dans un port), ou "platelage" (planches d'une passerelle). 

L'ombre de Pierre Mac Orlan veille fraternellement sur ces partances.

« Lorsqu'un pâle soleil déchire

La brume du petit matin,

Quand les grues de Picasso s'étirent,

Quand se réveillent les bassins,


« Le hululement des sirènes,

Le fracas des panneaux de cale,

Le grincement aigre des chaînes

Balaient l'aube d'ondes brutales »


Ce précieux petit ivre tient aisément dans la poche. Allez vite l'acheter au « Brin de Lecture » à Thouars par exemple. Et apprêtez vous à suivre le scaphandrier pour « dégager une torpille inerte coincée sous la quille d'un petit cargo bolivien ».

«  Douanes » de Francis Carpentier aux Editions Henry » ( 8 €) un fantastique cadeau !


L'auteur.



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