lundi 21 juin 2021

Conte d'été. Bach ne pardonne pas

 

"Je ne veux pas de sang dans le salon".

Sur la plage Martine et Georges savourent un rosé. Le sable est fin, le soleil doux, l'océan roule ses vagues sans se lasser.

" Ta mère m'agace, dit Georges à Martine,  je vais l'égorger !'

Martine pouffe de rire : " au moins fais-le proprement, sur la pelouse de notre maison de vacances, je ne veux pas de sang partout dans le salon".

"Tu as ma parole" réponds Georges en s'étirant. 

Il y a déjà cinq ou six ans que l'autorisation de tuer a été accordée. A condition de ne pas trop faire souffrir sa victime. Ce "trop" a donné lieu à bien des débats, puis il a été arrêté que l'agonie ne devait pas dépasser 28 secondes. Le monde des "bisounours" est bien lointain, mais somme toute chacun y trouve son compte. La loi précise aussi qu'on ne peut pas tuer plus de huit personnes par an. Il y a ceux qui programment et soulignent des dates sur le calendrier,  et ceux qui agissent au gré des humeurs, qui rattrapent vite le temps perdu quand décembre arrive et qu'ils n'ont pas, par  négligence, fait le ménage autour d'eux.

Georges pensait agir dimanche avant midi, à l'heure de l'apéro. Mais la veille son voisin lui a cassé la tête avec un marteau. Georges aimait le rock des années 70 et son voisin ne supportait que Bach.

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