lundi 24 septembre 2018

Voilà pourquoi il faut se vouer à l'alcool






L'alcool est un compagnon durable, impertinent et exigeant. Violemment indiscipliné. La femme aussi. Saura-t-elle jamais combien nous nous cognons, nous trébuchons, nous hésitons ? Elles … Elles savent, elles meurent chaque mois et peuvent donner la vie. Nous, nous ne savons pas grand chose de ces mystères. Et puisqu'ils nous échappent, nous sommes tentés de les mépriser. Aveugles que nous sommes.
Nous foulons l'herbe menue, nous laissons le vent baigner nos tête nues … en vain. Nous ne savons rien de l'alcool qui nous rend libre et nous attache.
La vie d'homme est bien rude. Il ne faut pas lui en vouloir, il est si cabossé et ne dit jamais rien. Il n'a pas les clefs des milliers de serrures qu'on lui impose d'ouvrir. Il est seul comme jamais une femme ne le sera. Ses mains pleines de cambouis ne savent plus caresser. Il regarde ses mains sales dans le fond des sinuosités et hésite à embrasser la tête de l'enfant.

Il va partager sa solitude avec ses frères, les autres lointains. Voilà bien une destinée stupide.

L’alcool, lui aussi connaît cette transe absurde, il attend des lèvres amies pour partager un peu quelques musiques et même quelques pas de danse très tard quand la sciure éponge les crachats sur le carrelage des bistros ; à l'heure finale qui assiste impuissante au retournement des chaises vaincues sur les tables, et qu'une voix agacée dit : « allez ! Allez ! Il faut partir maintenant!A demain !»

Partir ? Oui, mais où ? Droit devant. Droit devant. Droit Devant. Ce n'est même pas triste. C'est le chemin obligé des solitaires. Parfois même, il pleut. Un peu ivre, l'homme regarde une goutte qui tombe, elle se noie dans le caniveau, elle ira dans la rivière, dans le fleuve et dans la mer. Avant lui personne n'a regardé cette goutte d'eau et personne ne le fera plus jamais désormais. Il observe la façade d'un immeuble où une fenêtre allumée laisse frissonner la luminescence d'un téléviseur. Des gens sont là, bêtes, assoupis peut-être, au chaud.
Le long des rues les murs bordent le chemin, il regarde une brique posée là il y a longtemps par une main amie. Elle dirait bien une confidence cette brique. Mais non, elle se tait et le regarde passer, comme tant d'autres.
Il pourrait mourir, ce n'est pas exclu d'ailleurs, il envisage de se pendre devant sa télé, après le journal de 20 h lors d'un reportage sur massacre lointain. Oui, voilà, il va faire cela … Demain … ou plus tard. Voilà ce qu'il se dit alors qu'il croise un chien. Et plus jamais dans sa vie il ne reverra ce chien … quelle folle expérience quand on y pense !

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire