lundi 11 janvier 2021

Mémoires en vrac (3)

 https://www.youtube.com/watch?v=svitEEpI07E


Ce fut alors une bien curieuse aventure. Revues de paquetage avec la serviette pliée parfaitement au carré et qui devait être parfaitement sèche cinq minutes après la douche ... Revues de PM (pistolet mitrailleur) qui devait être parfaitement dégraissé et dont on plongeait la culasse dans l'eau bouillante, après ça l'adjudant pouvait toujours passer avec ses gants blancs pour vérifier la propreté de la pièce. Repasser parfaitement sa chemise avec les cinq plis règlementaires espacés au millimètre près, naturellement sans fer à repasser mais avec une bouteille remplie d'eau chaude. Passer sous un char qui avance. Fixer les détonateurs avec les dents sur les mèches lentes. Il se disait à l'époque dans les couloirs que l'armée avait droit à 7 % de perte. 7 % on trouvait cela parfaitement raisonnable.
L'officier venait aider celui qui n'en pouvait plus après 50 km de marche en une nuit, il l'allégeait de son fusil pour l'encourager. 
La première fois que je suis sorti après deux mois de classe (uniforme obligatoire), sur le trottoir étroit de Carcassonne, une vieille dame m'a laissé le passage. Cela m'a mis mal à l'aise.
Comme je dessinais déjà un peu je traçais des tatouages dans la chambrée : un serpent autour d'un poignard. Un pote avec une aiguille et de l'encre de chine faisait le reste. 
Dans la ration de combat il y avait deux morceaux de nougat et une portion de pemmican, nous commencions toujours par avaler cela, le saucisson, lui, était parfaitement infect.

Et la trouille qui montait et même temps que l'avion et qui nous giflait quand la porte s'ouvrait.
 
Le sergent de semaine était prof de philo dans le civil, il me fit lire "les mémoires d'Hadrien" de Marguerite Yourcenar. Je ne regrette rien de cette année bancale.





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