lundi 20 juillet 2015

Vivre avec une oeuvre de Sébastien Touret



NOTICE A L’ATTENTION DE CELUI OU CELLE QUI VIENT (OU ENVISAGE) D’ACHETER
UNE OEUVRE DE SEBASTIEN TOURET

Vivre désormais avec une telle œuvre, car c’est bien finalement ce à quoi vous vous engagez, n’est pas une servitude ni même une charge, si infime soit-elle. Il peut arriver que, pour des raisons d’agencement, vous soyez obligé de repeindre votre cuisine ou même de déménager parce que l’œuvre l’impose (cela est déjà arrivé, j’en témoigne). Acceptez en l’augure car ces métamorphoses, si elles s’avèrent nécessaires, ne sont en rien douloureuses ou même contraignantes. Pour satisfaire l’être aimé n’êtes-vous pas disposé à couper une moustache, changer d’eau de Cologne ou même parcourir la moitié du globe ?
Bien sûr que oui !
Une œuvre de Sébastien Touret peut à l’occasion, exprimer ce genre de caprice qui ne tire pas à conséquence. L’échange sera fructueux n’en doutez pas (une fois encore j’en témoigne).





Chaque jour, à chaque heure du jour, l’œuvre livrera une portion de son âme. Le morceau choisi par elle dans ce don sublime sera exactement conforme à votre désir du moment, d’un contour parfait il viendra s’ajuster à votre manque et le remplira. A l’origine le symbole était une plaque que l’on brisait. Au-delà des années, chaque titulaire d’un morceau pouvait se faire reconnaître par l’autre en présentant l’exact complément. Les œuvres de Sébastien Touret se font ainsi connaître et reconnaître – pour toujours - par celui qui les a choisies. Bien sûr tout cela tient du mystère. Et l’arrachement que l’artiste a dû consentir pour créer, le combat forcené qu’il a mené en se frottant à la matière, tout cela nous est inconnu. Tout cela nous intéresse pour l’anecdote, comme on aime savoir dans quel état d’esprit était Bach lorsqu’il composa sa première suite pour violoncelle, mais dans le fond c’est la suite elle-même qui nous concerne et nous parle.




Vivre avec une œuvre choisie de Sébastien Touret est donc affaire simple, douce et plaisante. C’est comme si l’on s’achetait un bout de terre en étant assuré que la récolte y sera abondante et éternelle. Tant qu’on vit, c’est bien utile.

Balthazar Forcalquier, janvier 2005






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