lundi 23 février 2015

Massacre 16





16

Résumé : Il y a des jours avec et des jours sans. Aujourd'hui c'est “sans” … Pas de résumé. Ou alors un résumé qui n'en est pas un, un résumé qui ne fait pas la part des choses, qui ne fait pas dans le concis, qui va son chemin en rêvant.Un résumé qui digresse, qui prend les sentiers de travers et baguenaude, qui fait l'école buissonnière et sèche les cours de français puisqu'on y enseigne aussi les poétes pompiers, car il y a des poètes pompiers comme il existe des peintres pompiers.





Sous les yeux stupides de Balthazar l'inspecteur Legrandu tendit un papier. En gémissant il le frotta brutalement sur la joue de Balthazar qui ne comprit pas. Ou ne voulut pas pas comprendre, effrayé par le geste de son copain, il prit peur et partit en courant.

Pour dire vrai, en zigzagant.




Fin de cette séquence.




Le temps passa encore.




Et encore.




Le téléphone sonna.




C'était l'inspecteur Legrandu




_ Allo ? Ecoute. Dans la main de la fillette on a trouvé un papier... Ce papier... Ce papier... eh bien... il ressemble à l'une de tes notes. Ne dis rien ! Un papier découpé dans un ancien fax... Ou une chute d'imprimante... Cela vient de chez toi. Cela vient de ton journal, de ces chutes de papier que tu vas faire découper au massicot chez ton pote imprimeur et que tu utilises comme feuilles de notes. Putain ! Je t'ai vu mille fois écrire là-dessus. Au recto ton écriture que je connais bien, une écriture laide, une écriture de pochetron...La tienne...Dis-moi que tu n'y est pour rien !

_ Je ne comprends rien à ce que tu me dis !

_ On va venir t'arrêter Balthazar !




Le journaliste raccrocha. Soudain son esprit était affûté, vif, net, sans une goutte d'alcool. Il était d'une lucidité de belle qualité, presque extralucide. Il avait déjà vécu cela dans une autre vie, un soir d'ivresse et de contrôle d'alcoolémie. Apache, son amie, qui conduisait, s'était soudain vidée de tout alcool et, devant les yeux incrédules des gendarmes, afficha un magnifique, un insolent, Zéro !

Il sentait que l'heure était grave. Il saisissait soudain tous les détails de la vie que se déroulait autour de lui. Il entendait le minuscule et obstiné charivari de l'araignée qui raccommodait sa toile dans les WC mitoyens. Il partageait la pulsation électrique de la petite lampe rouge dans l'armoire de télécommunication. Peut-être même lévita-t-il un bref instant. Il était en relation avec le monde, comme le sont les saints, mais il ne comprenait rien à ce qui lui arrivait. Le téléphone sonna encore, c'était le secrétaire de rédaction qui appelait pour proposer un titre différent au papier de la catherinette :

_ Au lieu de « Exploitée mais coiffée » comme tu as mis, si on publiait plutôt «Oh le beau couvre-chef coloré» ?

Balthazar, pardonnez-lui, répondit

_Vas te faire breveter colonial . (sous-entendu avec un manche à balai,ce qui est – j' en conviens – assez vulgaire mais explicite).

L'instant était grave. Jugez-en ! Et ce n'était que le début.



A SUIVRE...

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